AVENTURES EXTRAORDINAIRES DE LIO (LES)
Le bonheur est un céphalopode visqueux

L’américain Mark Tatulli, auteur, dessinateur et également réalisateur de films d’animation, publie quotidiennement depuis 2006 dans de nombreux grands journaux (Los Angeles Time, Whasington Post, USA Today…) les aventures de Lio, un petit garçon solitaire à l’imagination débordante qui préfère s’inventer des amis et des histoires impossibles plutôt que de s’ennuyer avec les gens ordinaires. Voilà pour les présentations.

Par Placido, le 12 juin 2012

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2 avis sur AVENTURES EXTRAORDINAIRES DE LIO (LES) #1 – Le bonheur est un céphalopode visqueux

Digne descendant des Peanuts et de Calvin & Hobbes (à qui l’auteur rend d’ailleurs hommage), Lio s’inscrit dans la même veine, celle des strips humoristiques avec pour héros un enfant, déjà un peu dérangé et en marge de la société. Il partage également beaucoup de choses en commun. Car outre les aventures trépidantes parfaitement inventées et imaginées de A à Z (qui forment l’élément central de ces BD là), les thèmes de la famille, de l’école, de la société américaine et même de l’écologie sont passés en revue.

Mais Lio n’est pas pour autant une pâle copie de ses prédécesseurs et possède un univers qui lui est propre, fait de monstres et d’aliens, calamar géant en tête. A travers ses strips muets, Mark Tatulli délivre un humour noir pinçant, son humour noir pinçant. On en prend conscience au fil des pages. Et ce premier tome ne souffre absolument pas de son caractère muet : Tatulli ne se répète pas et fait preuve de beaucoup d’imagination pour renouveler les cruelles facéties de son rejeton.

Côté dessin, c’est d’une incroyable simplicité mais je vous mets au défi de vous lasser de ces yeux, souvent grands ouverts, traduisant à merveille l’étonnement, la peur, ou à l’inverse sa froideur et son insensibilité vis-à-vis du monde qui l’entoure.Seul point noir au tableau, la couverture qui est particulièrement raté et qui se rapprocherait plus de celle d’un album de coloriage au moment des soldes.

Les premières aventures extraordinaires de Lio sont un condensé d’humour jouissif pour qui aime voir un enfant traumatiser ses camarades de classes, faire des expériences sur le nucléaire et déterrer des cadavres. Le talent de Mark Tatulli a d’ailleurs été récompensé par le Prix de la Meilleure Bande Dessinée de Presse en 2008, prestigieux prix américain décerné chaque année par la NCS (National Cartoonist Association) qui a distingué au fil des années Schulz pour la série Peanuts, Jim Davis pour Garfield, Bill Watterson pour Calvin & Hobbes ou plus récemment Scott Adams pour Dilbert.

Cinq tomes ont déjà publiés aux Etats-Unis, on attend la suite avec impatience !

Par Placido, le 12 juin 2012

Comme le souligne Placido, en lisant Les aventures extraordinaires de Lio de Mark Tatulli on pense à Charles M. Schulz ou Bill Watterson, mais aussi à Tim Burton si on sort quelques instants du cadre de la bande dessinée. On songe à Burton pour le refuge que trouve le jeune garçon dans le monde des monstres et de la mort plus vivant et moins effrayant que le « vrai vie ». Mais ce petit jeu des comparaisons n’aurait pas grand intérêt si Tatulli se contentait de copier les auteurs qu’il aime. Non content de les vampiriser, il digère leurs univers pour se les approprier, construisant ainsi sa propre vision. Dès lors nait le talent de l’auteur qui offre un pendant cruel à la douce mélancolie de Calvin et Hobbes, cynique au merveilleux de Burton. C’est dans ce contre-champ teinté d’un désenchantement certain mais subtil que s’épanouit les récits de ce grand enfant. D’ors et déjà, il n’est pas déraisonnable de penser que Tatulli est un auteur dont on se souviendra (et qui, nous l’espérons, connaîtra en France une reconnaissance à la hauteur de son talent) car à chacun de ses strips il raconte une histoire, il dit quelques choses de l’enfance, de la société et bien d’autres encore. De nombreuses lectures psychologique, psychanalytique ou sociologique de cet album sont possibles, mais – et c’est là l’apanage des grands – aucune ne vient concurrencer les autres, elles coexistent et même se répondent et s’interpénètrent pour dévoiler une lecture de plus en plus passionnante. Libre à chaque lecteurs de laisser cours à sa propre interprétation érudite ou non, quoiqu’il arrive le plaisir est bel et bien au rendez-vous. Et là, est certainement l’essentiel.

Par melville, le 24 juin 2012

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