La voie Malraux

A Paris dans les années 20, la jeune et belle Clara Goldschmidt est traductrice à la revue Action. Elle rencontre du monde et fréquente notamment les milieux d’avant-garde ou elle finit par croiser André Malraux qui la fascine jusqu’à l’épouser. Mais Clara est une femme libre, cultivée, avec un œil très sur en matière d’Art. Toutefois, Malraux est un fervent misogyne qui ne permet pas à sa femme de s’affirmer davantage, persuadé que la Culture est avant tout une affaire d’homme, incontestablement… Néanmoins Clara l’initie aux autres civilisations comme les Khmers d’Angkor Vat et Malraux se réapproprie cette sensibilité, allant même jusqu’à proposer à la jeune femme de le suivre afin d’aller dérober des bas reliefs Khmers et de les revendre ensuite… !

Par fredgri, le 13 avril 2015

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Notre avis sur La voie Malraux

Avant l’heure du tigre nous raconte la rencontre et les premières années du couple Goldschmidt/Malraux. En axant néanmoins le regard sur Clara elle même, bien plus que sur son mari ! Car Clara est une femme d’exception, qui se cultive, qui est curieuse, qui aime les nouvelles rencontres, les partages. Cependant elle évolue aussi dans une époque machiste ou l’homme prévaut…
Quand elle rencontre Malraux, lors d’une soirée, elle est tout de suite séduite par son charisme et cette érudition qui le caractérise. Le scénario de Virginie Greiner insiste bien sur cette étrange relation qui commence par les concessions de Clara qui apprend à ravaler son orgueil face à cet homme à la personnalité écrasante. On la voit progressivement se tenir en retrait tout en glissant régulièrement des précisions sur son implication, sur ses suggestions qui ont amené Malraux à s’intéresser à telle et telle culture. Faire un pas en arrière certes, mais pas s’effacer pour autant !
Malgré tout, la jeune femme apparait vite comme une femme pleine de personnalité, mais qui se laisse petit à petit avaler par cet homme quelque peu imbu de lui même. Car Malraux n’est visiblement pas l’exemple type de la modestie.

L’écriture est donc très subtile car elle met l’accent sur les sentiments de Clara, sur ce regard moderne qui observe le monde et l’émotion qui se glisse dans les statues oubliées ! Dès les premières pages on tombe sous le charme de cette femme qui irradie de douceur, d’une sorte de beauté diaphane, amplifiée par le sublime graphisme de Daphné Collignon. Sous sa plume Clara devient tout simplement magnifique de finesse, avec des yeux pâles et une silhouette qui ne laissent personne insensible.
Clara habite littéralement ces planches. Elle parcours ces salons, ces chemins, légère et attentive, au point qu’on a même parfois l’impression qu’en fin de compte tout ça ne l’atteint pas forcément !

Cet album c’est une rencontre et la découverte d’une époque ou la modernité s’affiche, ou elle prend son élan. Clara suit Malraux, voyage, elle se lance à corps perdu dans les magouilles de son mari, sans être toutefois complètement convaincue.
Le scénario traîne parfois un peu en longueur, mais c’est pour davantage nous permettre de connaître la jeune femme, de mieux la comprendre.

Un très bel album que je vous conseille à parcourir et reparcourir, ne serait ce que pour admirer les planches de Daphné Collignon !!!

Par FredGri, le 13 avril 2015

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