AUTEURS PAR LA BANDE (LES)
Pratt

 
Ce petit livre cartonné de cent-vingt pages environ avait deux objectifs à l’époque de sa sortie : présenter Hugo Pratt à ses fans de manière différente en leur révélant, par la voix de l’artiste, des petites choses qu’ils ne savaient peut-être pas encore, mais aussi de parler de l’auteur et de son œuvre à ceux qui ne les connaissaient pas en les invitant à aborder le sujet sans apriori…
 

Par sylvestre, le 3 septembre 2013

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Notre avis sur AUTEURS PAR LA BANDE (LES) # – Pratt

 
Hugo Pratt est volontiers présenté mystérieux, ce qui parfait sa personnalité d’artiste, d’aventurier et de séducteur… Ce qui, aussi, pousse ceux qui parlent de lui à le comparer à son plus célèbre héros : Corto Maltese. Cette dualité en aura fait couler, de l’encre, et en fera couler encore ! Hugo Pratt le comprenait bien, et il l’acceptait, tout en laissant la responsabilité de leur analyse à ceux qui l’expliquaient comme ceci ou comme cela, à tort ou à raison. Dans cet ouvrage, point de énième essai quant à cette dualité : après une introduction dans laquelle Claude Moliterni se fait une belle place, celle du côtoyeur de grands, il n’embraye pas directement sur Hugo Pratt ou sur Corto Maltese mais commence par dresser un état des lieux en revenant sur l’histoire de la bande dessinée italienne. Un chapitre documenté et intéressant.

S’ensuit une longue interview de Hugo Pratt au cours de laquelle l’artiste révèle des anecdotes sans doute plus ou moins connues à l’époque et présente grâce à elles son entourage familial sans passer sous silence ce qui a pu avoir trait au fascisme ou d’autres indiscrétions comme ce secret de famille symbolisé par une certaine clé de Tolède qu’il a vue accrochée chez lui depuis son plus jeune âge… Après les pages relatives à la famille, c’est d’Afrique qu’il est question. D’expériences, de rencontres et d’amitiés dans des pays en guerre. Notamment d’amitiés anglo-saxonnes en partie justifiées ou avouées par le fait qu’à la clé, elles étaient synonymes d’accès à la lecture de comics !!!

Car on n’oublie pas que l’auteur est artiste dessinateur, et cela affleure naturellement constamment dans cette interview. Mais Pratt est homme à avoir a connu plusieurs vies, et par le fait, ce sont autant de sujets à aborder pour Claude Moliterni qui ne se prive pas d’en tirer d’autres questions à poser et peut avec faire durer cet entretien :

– Hugo Pratt et les femmes (vous vous régalerez de ces souvenirs qu’il avait dans les camions des Ballila ou dans ce camp de concentration où avec une trentaine d’autres garçons, il vivait parmi cinq mille femmes !!!),
– Hugo Pratt et l’aventure : voyages en Afrique et dans les Amériques des révolutions,
– Hugo Pratt et la France, faisant resurgir ce souvenir du terrible premier contact qu’il a eu avec la France ; sur un petit morceau de papier…

Mais les chapitres vont en se raccourcissant, abordant le théâtre, le cinéma, le festival de Lucca, le jazz, Venise ou la politique. Ce qui accélère le rythme pour déboucher non pas sur la fin de l’ouvrage, mais sur une suite peut-être moins indispensable : une courte interview imaginaire… de Corto Maltese !

La bibliographie d’Hugo Pratt (au stade où elle en était à l’époque) occupe les dernières pages. Elle n’est que textes mais on aura apprécié tout du long et malgré la petite taille des illustrations l’intéressante iconographie de ce livre. Livre que les fans connaissent, voire ont, forcément, et que les autres auront plaisir à découvrir pour peu qu’ainsi que le souhaitait Claude Moliterni ils aient réussi à se débarrasser de leurs apriori.
 

Par Sylvestre, le 3 septembre 2013

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