Aurore

 
Une aurore boréale a un jour décoré les cieux, bientôt suivie par un ruisseau doré qui a tracé son sillon sur la terre, traversant le village d’une tribu du grand nord. La tentation était trop grande de toucher ce ruisseau neuf, et deux personnes, parmi lesquelles la petite Aurore, y ont mis la main. Instantanément, elles ont été transformées en statues dorées au grand effarement des témoins.

Il a rapidement été demandé à la chamane d’aller au contact des esprits pour qu’une explication au phénomène puisse être obtenue, mais les esprits sont restés sourds aux questions, sans doute lassés du peu de considérations que leur vouaient les hommes.

Dans l’univers où elle s’est retrouvée, Aurore a appris de Vokko, le chien de la chamane Moma, qu’il lui faudrait écrire une chanson et que cela rendrait aux siens la foi qu’ils ont perdue. Mais Aurore ne savait pas écrire de chanson et son inspiration restait tarie malgré de fabuleuses rencontres qu’elle a pu faire avec l’eau, les rocs ou d’autres entités de la nature.

Ce qu’il lui manquait surtout, c’était le contact avec ses parents. Et pour ces derniers, qui étaient partis de leur côté à la recherche de réponses en remontant le cours du ruisseau doré bien qu’ils aient leur idée sur ce qui avait pu arriver à leur petite fille, c’était la même chose…
 

Par sylvestre, le 19 janvier 2012

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2 avis sur Aurore

 
C’est une fable singulière de que nous propose là l’auteur Enrique Fernandez. Dans Aurore, on passe en effet assez naturellement du monde réel au monde des esprits puisque ces deux univers sont représentés comme seraient utilisés deux calques superposés. Il y a aussi le fait que dans le monde des esprits, les animaux et les esprits, tout comme les humains, parlent. Et puis il y a les croyances, les légendes, l’antagonisme entre le bien et le mal, le fait aussi que certains humains aient perdu la foi quand d’autres l’ont gardée… Et tout cela concourt à "organiser" cette promenade initiatique qu’on fait aux côtés d’Aurore et de Vokko, une promenade également sous le signe de l’humour puisque la fillette a un sacré caractère et la répartie facile et qu’elle ne se démonte pas malgré les impressionnantes rencontres qu’elle va faire ou malgré la lourde responsabilité qui lui est confiée.

Oui, c’est parfois assez drôle et, du fait que le lecteur puisse voir ce qui est invisible aux humains du récit, ce côté frais (allié au côté fantastique) nous ferait presque perdre la notion de drame qui s’est abattue sur la communauté d’Aurore et de ses parents. Et ça, ça gênerait presque un peu. Tout comme le fait que les couleurs parfois chaudes de la colorisation contrastent avec un environnement nordique qu’on imaginerait plutôt glacial et désertique. Car enfin, l’intimité entre le réel et le fantastique aidant, on finit par perdre ses repères dans ce récit. On réalise que cette histoire est peut-être un peu compliquée, on se rend compte qu’on a du mal à tout comprendre, voire on n’apprécie pas comme il le faudrait le fonds légendaire sur lequel a dû s’appuyer l’auteur pour écrire cette bande dessinée… Au point qu’on arrive à la fin en n’étant pas sûr d’avoir saisi le message même si on pense avoir cerné le plus important, et ça, c’est vraiment dommage.

Comme tous les titres de la collection Métamorphose, l’album Aurore (un one-shot) a pourtant tout pour lui dans l’apparence : bel objet livre et jolies planches. Mais quand le propos nous échappe, c’est beaucoup de choses qui s’échappent avec lui dans l’impression qu’on en garde. Pas de quoi perdre la foi pour autant : les mauvais esprits étaient peut-être là, simplement. Lorsqu’ils s’éloigneront, les prochaines lectures d’Aurore paraîtront sans doute plus faciles…
 

Par Sylvestre, le 19 janvier 2012

Dans ce magnifique album, nous nous retrouvons au croisement des mondes.
Les vieilles croyances commencent à s’étioler et le peuple de la petite Aurore se détache progressivement de ces divinités qui ne lui correspondent plus, avec lesquelles il ne peut même communiquer.
Pourtant, lorsque la fillette perd mystérieusement la vie, la doyenne de la tribu est la seule à continuer de perpétuer les vieux rituels, à pouvoir même parler aux démons qui errent deçi delà. Elle demande à l’un d’eux, Vokko, de guider l’esprit de la gamine, de l’aider à composer une chanson qui permettra de garder vivante cette tradition orale…

Un album troublant et fascinant. Non seulement parce que graphiquement c’est absolument sublime, Enrique Fernandez au sommet de son art nous offre ici des planches qui nous envoutent avec leurs teintes désaturées, ces ambiances oniriques qui transcendent le scénario.
Mais l’écriture y est, aussi, à la fois légère et habitée d’une sorte de spiritualité décalée, proche de la nature, de cette essence primitive, primordiale ou le courant d’eau se personnalise en un monstre étonnant, ou certains démons se jouent des humains pour les dévorer tandis que d’autres les protègent…

On comprend très vite que le propos dépasse l’histoire d’Aurore elle même, que dans cet entre deux mondes, il est surtout question de garder vivante cette culture qui se transmet au fil des mots qu’on se chuchote, des gestes, des objets du quotidien, les talismans, les petits rituels archaïques.

Je me suis littéralement laissé emporter dans cette histoire fascinante, les yeux fixés sur des détails dans une case, par un mouvement d’aquarelle, par une expression.
Enrique Fernandez est un auteur assez discret et chacun de ses albums est un émerveillement des sens !

Très recommandé !

Par FredGri, le 7 février 2018

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