Histoire secrète des essais atomiques français

Tout commence par une narration, celle du deuxième classe Jean Herman, que l’on connait maintenant sous le nom de Jean Vautrin, alors metteur en scène au service cinéma des armées et désigné volontaire pour filmer le grand éclatement à Reggane au Sahara le 1er mai 1962.
Cette longue préface, superbement écrite, donne le ton de l’ouvrage, loin des images et des discours affichés à l’époque, Albert Drandov nous apporte le témoignage de ceux qui étaient sur place. Face à la prose et à la propagande militaire et politique, il oppose la réalité, celle de ceux qui ont vécu et subi ces expériences. Ils étaient là et Drandov leur donne la parole, une parole longtemps murée sous le sceau Secret défense.

Par olivier, le 5 février 2010

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Notre avis sur Histoire secrète des essais atomiques français

C’est à un véritable travail de journaliste que s’est livré le scénariste, entretiens avec ceux qui, civils et militaires, ont vécu sur le terrain les premières expérimentations et recherche de quelques documents oubliés, non classifiés ou détournés de l’oubli dans lequel on les a enfermés.
C’est une volonté de mémoire, la mémoire de ceux, civils et militaires qui ayant œuvré pour la France se sont sentis trahis et abandonnés.
C’est aussi une forme d’hommage à tous ceux qui étaient fiers de servir la France et qui se sont retrouvés en short et chemisettes soumis aux radiations. Du Sahara à Mururoa, les apprentis sorciers ont tenté de dissimuler les accidents, l’absence indécente de précautions, et le mépris des populations locales.
Ce qui fait froid dans le dos ce n’est pas tant que la bombe en elle-même existe, mais la totale désinvolture, l’ignorance des plus élémentaires précautions et le silence imposé par les autorités.
Aujourd’hui, on nous parle sans cesse du principe de précaution, mais qu’en est il vraiment face aux intérêts politiques ou financiers?
Après Amiante, chronique d’un crime social , Albert Drandov signe ce nouvel album de journalisme d’investigation, il s’agit certes de dénoncer des pratiques consternantes venant d’un état, mais nous pouvons aussi réfléchir au fait que de nos jours, les militaires, savants et politiques sont peut-être encore capables de manipuler des éléments avec des conséquences désastreuses et que, sous le sceau du Secret Défense, bien des choses sont encore cyniquement enfouies.
Le dessin de Franckie Alarcon soutient avec justesse les différents témoignages, découpés en autant de chapitres et nous amène à une certaine empathie envers ces hommes, trompés, bafoués, par une autorité indigne qui étouffe depuis 50 ans leur vécu.
Un ouvrage complété par un dossier que seule la levée du Secret Défense pourrait réellement infirmer ou totalement confirmer.

Par Olivier, le 5 février 2010

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