Au cœur de la vague

De décembre 2019 à l’été 2020, retour sur l’épidémie du COVID-19 à travers les dessins de Patrick Chappatte et une chronique de la crise.

Par v-degache, le 6 décembre 2020

Notre avis sur Au cœur de la vague

Au cœur de la vague commence le soir du réveillon 2019, dans le monde d’avant… Patrick Chappatte, talentueux dessinateur de presse (Le canard enchaîné, Der Spiegel, Le Temps…) et épisodiquement de bande dessinée (BD Reporter, 2011, Glénat), se met en scène, début mars 2020, dans un chalet des Alpes suisses, s’inquiétant de la hausse des malades en Italie, avec au téléphone le Professeur Pittet, inventeur notamment du gel hydro alcoolique, alors que c’est une certaine insouciance qui prédomine en France et en Suisse.

Voici donc la première vague de BD reportages sur la pandémie du COVID-19, il fallait s’y attendre ! Chappatte propose cependant une spécificité à ce genre à part entière : il insère dans son récit chronologique ses dessins de presse publiés alors dans ses diverses collaborations avec journaux et magazines. Cela donne immédiatement un autre sens à l’ouvrage, une dimension historique, une vision en temps réel que n’aura pas un récit constitué postérieurement aux faits décrits. Le dessin de Chappatte est sans surprise, il nous est familier et est très souvent incisif et fin, là où d’autres ne proposent que traits grossiers et satire maladroite.

Les témoignages de ceux qui luttent contre la maladie sont appuyés parfois de photos-portraits. On y retrouve médecins, infirmières, agents d’hygiène et de propreté, policiers faisant face à la frénésie qui bouleverse le quotidien printanier des hôpitaux. Sans misérabilisme, en quelques cases, Chappatte arrive à toucher le lecteur dans ce récit des covidés, sans perdre de vue les enjeux de la gestion de la crise sanitaire. L’œil aguerri du dessinateur de presse pour croquer le monde en direct est particulièrement efficace dans ce genre de BD documentaire. Il élimine le superflu qui pourrait alourdir le récit et va à l’essentiel, en choisissant avec pertinence ses angles d’approche et les points de vue. Il n’a besoin que de quelques cases et bulles pour toucher juste !

Une chronique efficace et réussie de l’épidémie, portée par le talent de P. Chappatte et sa vision acérée du monde et des gens qui l’entourent !

Par V. DEGACHE, le 6 décembre 2020

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