AU BORD DE L'EAU
Volume 1

Le Grand Maréchal Hong Xin a été missionné par son empereur auprès du Maître Céleste pour lui demander de mettre fin aux fléaux qui frappent le pays. Reçu par le gardien des lieux, Hong Xin ne voudra pas s’abaisser à ce que ce dernier reçoive la requête et exigera de rencontrer en personne le Maître Céleste. Il sera alors invité à chercher lui-même, sur les flancs d’une montagne hostile, celui auprès de qui il doit se rendre. Cette quête sera en réalité une suite d’épreuves et se soldera par la libération de 108 rois-démons.

Gao a réussi à accéder au grade de Grand Maréchal malgré un passé honteux et un exil qui aurait dû l’en empêcher. Imbu de sa personne, il réunira tous ses subordonnés le jour de sa prise de fonctions pour recevoir d’eux des marques de respect et d’obéissance.

L’un d’eux, Wang Jin, maître d’armes impérial, malade ce jour-là, manquera à l’appel. Afin de se soustraire aux foudres de son souverain, il choisira la fuite. Dans son exil, il sera accueilli chez des gens chez qui il enseignera les arts martiaux à Shi Jin, le fils de la famille, plus porté sur les techniques de combat que sur la question de l’agriculture à laquelle son père le destinait.

Lorsqu’il aura acquis une forte expérience, Shi Jin apprendra que trois brigands de renom avaient pris leurs quartiers non loin de son village. Il se mettra à la tête des siens pour faire face à la menace…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

Publicité

Notre avis sur AU BORD DE L’EAU #1 – Volume 1

Ce premier volume de la série Au bord de l’eau (prévue pour être une trilogie) se découpe en deux parties. La première relate la libération des 108 rois-démons quand la seconde semble (encore à ce stade) indépendante et attendant une suite.

C’est dans la collection "Ex-Libris – Textes Fondateurs" que paraît cet album ayant succombé comme c’est la tendance en ce moment aux sirènes de la fusion artistique, de la collaboration entre auteurs de cultures différentes. Pas plus mal, me direz-vous, de voir mise en images par un Chinois une légende chinoise !

La version originelle de Au bord de l’eau remonte à très loin, ce qui fait de cette épopée une des œuvres les plus lues au monde à travers les âges ! A l’instar des Contes des mille et une nuits, ce grand classique de la littérature chinoise a connu de multiples versions, adaptations, censures, distorsions, aménagements et autres interprétations. Aujourd’hui, c’est une (autre) version en bandes dessinées qu’il nous est possible de lire.

Chaque partie est introduite et clôturée par l’intervention d’un narrateur présent à l’image (comme c’est le cas par exemple dans la série Les véritables légendes urbaines chez Dargaud). Puis les histoires nous sont contées et sont dessinées par un certain Wang Peng, très talentueux, qu’on a récemment vu oeuvrer dans Taras Boulba. Les habitués de la BD chinoise seront moins surpris par le style, sans doute, qui oscille entre peinture, photo, voire capture d’écran de jeu vidéo (cf. la dernière vignette de la page 31, avec ces disproportions anatomiques toutes "informatiques"). Les autres seront époustouflés par la qualité de la plupart des vignettes.

La narration, elle, montre quelques spécificités, aussi, qui pourraient être ressenties comme des défauts. Ainsi, on est bombardé de noms, au départ, qui n’ont qu’un intérêt informatif ponctuel, semble-t-il. Si ces infos ont leur importance pour les sinologues et les sinophiles, leur apparition dans la BD est peut-être moins justifiée.

Autre exemple, cette vignette où Gao Le Bel est face aux gardiens de Wang Jin qui n’ont pas su le retenir car ils étaient ivres : dans une case, on apprend en voix off quel sera leur châtiment, et dans la case d’après, on l’entend de la bouche de Gao. Bizarre. Ainsi, le découpage est parfois… surprenant.

Dernier exemple, enfin (après j’arrête !). Comme cette œuvre est l’adaptation d’un roman fleuve, on comprend que des détails l’aient étoffée au fur et à mesure qu’elle traversait le temps. Mais cela fait que certains éléments sont des « ovni » dans le scénario. Je pense à la passion qu’a Gao pour le ballon. On nous en parle tôt quand son portrait nous est dressé. Et certes, on voit un peu plus tard que cette passion va lui servir pour être réhabilité, mais en lecteur européen habitué à certaines ellipses, on s’attend presque à voir revenir un épisode à ce sujet ; ce qui n’est pas le cas. On a donc des "feux follets" scénaristiques : des éléments apparaissent, sont utilisés, puis on les oublie. Ils n’ont eu qu’une importance passagère… Tout comme on a aussi, dans un autre registre, d’énormes raccourcis, comme le retour en grâce de Gao expliqué en deux-trois lignes seulement alors que c’est une prouesse de taille !!!

M’enfin. On comprend que si tout avait dû être traité, de multiples tomes auraient été nécessaires.

Fer de lance de la collection "Ex-Libris – Textes Fondateurs", Au bord de l’eau tome 1 a les faveurs de longs textes explicatifs signés par Morvan, scénariste et directeur de ladite collection. Avec ce tome 1, on a cependant encore du mal à cerner (dans la seconde partie) où se fera le lien avec les "fameux 108". Une bonne raison, ma foi, d’attendre la suite de ce tome 1 dont la pochette si belle vaut à elle seule qu’on porte de l’intérêt à ce qu’elle cache : une superbe BD à découvrir sans plus tarder.
 

Par Sylvestre, le 30 mars 2008

Publicité