L'art du Chevalement

Au fond de la fosse 9 et 9 bis, Orféo, le jeune "meneux d’quéviaux", doit accompagner Pigeon, un vieux cheval qui travaillait au fond de la mine depuis des années, c’est l’heure de la dernière remontée pour ce vieux complice. Mais Orféo découvre à la surface une étrange structure en verre : le musée du Louvre Lens… Que se passe-t il ? Avec Pigeon à se côté le jeune homme commence donc sa visite en commentant à l’oreille de l’animal ce qu’il voit. Interpelé par la beauté des œuvres qu’il croise Orféo émerge de l’enfer minier qui est son quotidien, en rêvant à Yvette qui l’attend dehors…

Par fredgri, le 9 octobre 2013

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Notre avis sur L’art du Chevalement

Ouvert en Décembre 2012 dernier Le Louvre à Lens a pour objectif de "transformer l’archipel noir de Lens en un archipel vert, en requalifiant les cités minières et leurs jardins". Ainsi le bassin minier, témoin de toutes les crises et de toutes les guerres, mais aussi d’un lourd patrimoine régional, retrouve une nouvelle dynamique résolument tournée vers l’avenir. Pour entériner ce "partenariat" entre histoire, Art et passé minier Futuropolis, le Louvre et le Louvre Lens nous proposent cet album qui revient sur ce parallèle, sur la limite entre l’Art et la vie !

L’album s’ouvre sur Orféo qui emmène Pigeon hors des galeries, des tréfonds des entrailles de la terre. Tous deux avancent et alors qu’ils observent la lumière aveuglante se rapprocher, leur regard s’illuminent et le temps se suspend dans un éclair blanc, ils semblent se regarder. Orféo se réveille, allongé par terre, Pigeon galope, les yeux bandés, le musée se tient devant eux, ils entrent !
Orféo guide donc Pigeon à travers les galeries, écoute ce que les œuvres lui racontent, il leur parle, plonge dans sa propre histoire, celle de sa région, et ces récits se mêlent. Les statues accompagnent le jeune homme et son compagnon aux yeux bandés. On pense au voyage d’Orphée, à son rêve de retrouver Eurydice, mais plus directement on pense à l’orphisme… Dans ce voyage, ou le jeune homme traverse le temps pour se retrouver dans le futur, il entrevoit l’avenir de ce bassin minier, il s’initie à l’Art, à la beauté de ces chef d’œuvres et entrevoit ainsi l’espoir d’une histoire intemporelle, universelle, mais surtout d’une reconstruction qui va lui permettre ensuite de revenir, de retrouver son Yvette, de croire en l’avenir.

Le patrimoine artistique comme équilibre à la vie, à l’histoire, c’est une idée très intéressante. Elle permet de faire des parallèle entre les époques, entre les individus…
Malgré tout, le scénario de cet album brasse peut-être un peu trop d’idées qui ont tendance à vite s’entremêler, à ne pas toujours être très évidentes. C’est dommage car cela aurait gagné à être un peu moins obscure, un chouilla plus didactique. A la première lecture le rapport entre Orféo, Pigeon, les mines et le musée n’est pas très immédiat, il nous manque régulièrement un lien plus parlant ! Ça n’empêche en rien que l’ensemble reste fascinant, c’est juste que règne une sorte de doux hermétisme poétique assez déstabilisant !
L’effet est accentué par le graphisme assez "naïf" de Philippe Dupuy, qui mise beaucoup plus sur l’atmosphère et l’évocation que sur la précision. Sur ce point ça n’est pas réellement une critique négative car justement je trouve que c’est très bien d’accentuer cet espèce de flou ambiant qui appuie sur le côté irréel, comme en suspension de ce récit. On a l’impression d’être entre deux mondes, en pause…

Un curieux album qui mérite qu’on s’y replonge de temps à autre afin de redécouvrir certains de ses aspects… En tout cas, il a aussi le mérite de mettre l’accent sur un musée hors du commun. A visiter d’urgence !

Par FredGri, le 9 octobre 2013

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