L'arrache-coeur

Le docteur Jacquemort a intégré le domicile d’Angel et de Clémentine pour assister à l’accouchement de cette dernière. La naissance douloureuse des "trumeaux", Joël, Noël et Citroën, permet au père de sortir enfin de son cagibi dans lequel il était retenu depuis deux mois. Alors que la jeune mère affiche clairement son rejet du désir et de son physique, Jacquemort et Angel s’écartent de Clémentine pour se restaurer et prendre un bol d’air. Chemin faisant, le docteur avoue être psychiatre et être en grand manque de conscience à analyser. Aussi, cherchant un coin tranquille, il souhaiterait faire une expérience. Ce dernier va peut-être avoir l’occasion d’étancher sa soif lorsque Clémentine lui intime l’ordre d’aller au village le plus proche pour commander des lits pour les enfants.

Par phibes, le 26 octobre 2012

Notre avis sur L’arrache-coeur

Après L’écume des jours paru dans la même collection et conquis par l’univers décalé de son auteur, Jean-David Morvan remet les couverts en adaptant cette fois-ci un autre roman de Boris Vian, L’arrache-cœur. Pour l’occasion et comme pour la précédente adaptation, l’artiste refait appel à sa complice Frédérique Voulyzé afin de le seconder dans la délicate tâche de transposer le roman en bande dessinée.

L’histoire est on ne peut plus surprenante dans le sens qu’elle se veut se développer dans un contexte où l’absurdité tient une place prépondérante. Entre un psychiatre en manque de sujets à psychanalyser et une mère pour le moins obsessionnelle, le lecteur est appelé, tout comme le docteur Jacquemort à faire des découvertes on ne peut plus étranges, débordantes d’inventivité. En effet, n’est-il pas interloquant de voir des personnes âgées mises aux enchères, ou de rencontrer un individu honteux rémunéré à pêcher des immondices avec ses dents, ou encore un curé se mouvoir dans le luxe de sa religion, ou un chat parler… ? De fait, le cynisme ambiant a de quoi nous déconcerter et par ce biais nous amuse sans équivoque.

Même s’il ne connaît pas l’œuvre originale, le lecteur n’aura aucune difficulté à rentrer dans cet univers plutôt amer grâce à cette traduction de l’ouvrage originel gérée de main de maître par Jean-David Morvan et Frédérique Voulyzé. Le déroulement de l’histoire est bien adapté, le choix des dialogues est pour le moins explicite et les évènements qui ont été assemblés d’une façon linéaire, dans une chronologie purement extravagante, ont un effet garanti.

Le travail scénaristique est conforté par celui de Maxime Péroz, qui, comme Marion Mousse auparavant, reste dans un jeu graphique en noir et blanc. Son trait a du charme, est on ne peut plus délié, habile dans les proportions, et donne l’occasion d’être mis en évidence par une utilisation d’aplats de noir particulièrement ajusté.

Une nouvelle adaptation honorifique bien réussie qui reste à découvrir chez Delcourt dans la collection Mirages.

Par Phibes, le 26 octobre 2012

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