Les architectes de Babel

Au XVIIIe siècle avant J-C, le roi Hammurabi décide de faire ériger une immense tour « qui atteigne le Soleil », au coeur de Babylone. Il charge Gaga, architecte de la Cour, d’aller chercher Nimrod, descendant de Noé et considéré comme un génie de la construction.

Par legoffe, le 5 décembre 2021

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Notre avis sur Les architectes de Babel

On peut saluer l’audace éditoriale de Glénat, qui publie un manga qui sort vraiment des sentiers battus, de par son style et son propos, mais aussi de par son format. Par sa taille et son épaisseur, il ferait presque penser à un roman. Il bénéficie, par ailleurs, d’une jolie présentation.

Alors, que cache cette couverture attrayante ? Trouve-t-on là une adaptation du récit biblique ? Pas vraiment. Si l’auteur s’appuie sur le mythe, il le traite à sa manière, mettant en avant deux architectes qui vont oeuvrer à l’édification de la Tour de Babel. C’est un parti pris original et intéressant. Il mêle ainsi des personnages de pure invention et d’autres dont les noms sont en rapport avec le mythe, sans toujours correspondre à leur rôle biblique, d’ailleurs.

L’essentiel, pour l’auteur, est de questionner le lecteur sur le sens de toute cela. Il salue à la fois les capacités techniques déployées par les hommes, et leurs motivations souvent douteuses, qui relèvent à la fois de la folie des grandeurs et de la volonté de domination des peuples.

Le récit est fluide, même s’il convient de rester concentré pour ne pas manquer des transitions parfois subtiles. Il faut dire que le manga est marqué par un certain onirisme. Il est aussi riche en symboles. Les connaisseurs en découvriront sans doute beaucoup plus que le néophyte que je suis… Je m’étonne, dès lors, que l’éditeur ait rangé le livre dans la catégorie « shonen ». Il s’agit pour moi plutôt d’un seinen.

Les dessins sont sobres, les personnages crayonnés avec une certaine légèreté. Et, pourtant, leurs regards sont puissants, leurs mouvements vivants, prouvant que, pour une première oeuvre, le jeune Mangaka (il est en pleines études d’architecture) maîtrise déjà bien sa technique.

Cette bande dessinée originale est un hommage aux architectes et une réflexion sur les incroyables prouesses dont est capable l’esprit humain. Mais, en contrepartie, l’auteur nous questionne sur la frontière, rarement claire, entre le génie… et la vanité.

Par Legoffe, le 5 décembre 2021

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