Appelés d'Algérie

Jérôme, lycéen, découvre que son grand-père a participé à la Guerre d’Algérie. Il va alors recueillir son témoignage, et tenter de raviver cette mémoire étouffée.

Par v-degache, le 6 avril 2022

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Notre avis sur Appelés d’Algérie

Alors que l’on célèbre les soixante ans des Accords d’Evian, Swann Meralli et Deloupy poursuivent leur travail de mémoire en revenant sur la Guerre d’Algérie, vue du côté des appelés du contingent, dans leur bd Appelés d’Algérie 1954-1962. Après avoir traité ce conflit, qualifié d’ «événements d’Algérie » jusqu’à l’adoption de la loi de 1999, du côté des femmes dans leur Algériennes 1954-1962, c’est cette fois-ci aux 1,3 millions de soldats envoyés combattre dans la colonie de peuplement française qu’ils s’intéressent.

Le jeune Jérôme découvre que son grand-père a participé à la guerre, mais qu’il a depuis enfoui ses souvenirs. Un dialogue se noue, le récit commence, et le petit-fils décide de  mener une enquête qui va le conduire, de témoignages en témoignages, à reconstituer un passé que l’on a préféré taire, ces appelés étant à leur retour peu écoutés, incompris, ou incapables de raconter les horreurs vues ou vécues, devant alors vivre avec ces souvenirs douloureux.
Du choc de l’arrivée en Algérie, des difficultés à s’acclimater à une guerre lorsque l’on n’est pas combattant professionnel, au passage peu à peu à une violence engendrée par un cercle vicieux face aux actions de l’ALN, ou devant obéir aux officiers, Appelés d’Algérie permet de revivre ce quotidien à travers les histoires de plusieurs jeunes combattants, de vaincre l’amnésie qui a touché une génération envoyée sur l’autre rive de la Méditerranée.

La torture n’est pas éludée, et est dessinée crûment par Deloupy. Pas d’ellipse, ni de hors-champ, nous sommes avec ces soldats plus ou moins contraints d’obéir aux ordres et d’exécuter la « corvée de bois » ou de faire fonctionner la gégène. Les exactions de l’armée française sur les populations villageoises sont elles aussi traitées, dans toute leur brutalité.
Saluons au passage le courage éditorial de Marabulles, tant le moindre ouvrage consacré à ce sujet peut vite susciter passions, controverses, et tensions !

Appelés d’Algérie parvient à montrer la pluralité des mémoires de la Guerre d’Algérie, ainsi que la difficulté à les concilier. Si les multiples ouvrages dédiés à cette période ont déjà traité tout cela, ce deuxième volume du dessinateur stéphanois et du scénariste lyonnais consacré à cette guerre réussit à les mettre à l’image. Espérons qu’ils continuent prochainement leur entreprise, tant les possibilités d’écriture sont encore nombreuses !

Par V. DEGACHE, le 6 avril 2022

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