APPEL DES ORIGINES (L')
Sanyanga

Après la disparition tragique du cinéaste Spallding, l’expédition conduite par le professeur Bradley s’est remise en route. Mais l’euphorie de départ a maintenant laissé la place à un profond malaise. Alors que certains équipiers commencent même à croire que l’excursion est maudite, d’autres, tels Bradley ou la jeune Anna, restent fermes dans leurs intentions premières d’aller jusqu’au bout de l’aventure. En dépit d’une dégradation de sa relation avec Simon et du danger permanent qui les entoure, la belle métisse continue à savourer chaque instant qui passe tout. Mais la découverte du cadavre d’un des membres de l’expédition qu’ils recherchent et le carnet dont il est porteur va accentuer un trouble déjà bien ancré. Certes Anna a enfin des nouvelles de son père, mais celles-ci n’ont rien de réjouissantes car elles sont annonciatrices d’une grande tragédie. L’intrusion dans la lointaine contrée dénommée le Sanyanga aurait-elle un goût de sang ?

Par phibes, le 4 février 2013

Notre avis sur APPEL DES ORIGINES (L’) #3 – Sanyanga

Avec une délectation non dissimulée, nous retrouvons la belle Anna, la petite serveuse d’Harlem, partie à la recherche de son père inconnu disparu à l’occasion d’une mission d’exploration. Avec elle, nous avons à nouveau rendez-vous avec l’exotisme des aventures sauvages africaines des années 20 dont Karen Klixen a su nous narrer dans son roman autobiographique La ferme africaine.

Avec cet épisode, Joël Callède, totalement habité par ce concept de grande aventure, vient sonner la fin de la quête de son héroïne, une quête qui, dès la fin du deuxième tome, effritait le côté idyllique de l’aventure et qui, par le présent, s’en trouve encore plus délité. Le double appel des origines (celui de l’humanité et celui d’un père inconnu) éveille bien des émotions, tant le scénariste a su nous emmener dans une histoire d’une fluidité exemplaire, particulièrement captivante et attachante, et dotée d’une finalité imparable à effets subtilement travaillés. Les évocations sonnent justes, à la fois féeriques et imparables, mettant en exergue un territoire grandiose, sauvage et sans compassion aucune, et une expédition aux lendemains incertains. De même, les personnages qui interviennent sont indubitablement convaincants, dans leurs sentiments, leurs romances, leurs violences, leurs aspirations les plus folles ou les plus naturelles. Anna qui est en quelque sorte le fil conducteur nous interpelle dans sa narration impeccable, de son caractère habilement modelé, frêle par son physique, capricieuse dans ses aspirations.

De son côté, on ne pourra que saluer la participation des plus remarquées de Gaël Séjourné qui, tout au long des trois volets, a su nous gratifier d’un dessin à l’image de l’histoire, absolument enchanteur. Fortement imprégné de ce territoire gigantesque qu’est le continent africain, ce dessinateur a su restituer à la fois sa beauté et sa cruauté, dans un graphisme très soigné, appuyé par une colorisation notamment chaude et un crayonné très prononcé. Les décors sont un véritable appel au voyage et les personnages expressifs, purement charismatiques, possédant une âme bien perceptible.

Une fin de triptyque particulièrement réussie, émotionnellement probante, qui sonne comme un appel incessant à la redécouverte. De la belle œuvre à la résonance imparable !

Par Phibes, le 4 février 2013

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