L'ange de la Retirada

Victoria est d’origine espagnole et elle vit à Béziers depuis toujours, mais lorsqu’elle apprend qu’une nouvelle loi en Espagne permet aux descendants d’émigrés d’embrasser sans lourdes démarches la nationalité espagnole, elle est irrésistiblement tentée mais hésite et cherche autour d’elle des conseils que son ami Adrian est bien en mal de lui fournir, lui qui ne prête pas d’importance à ses racines…

Toute à ses réflexions, que ce soit dans un cagibi des locaux de l’association bitéroise Colonia Española où elle aime se retrouver seule ou sur la plage d’Argelès, Victoria se met à avoir des visions étrangement réalistes qui la projettent dans ces années où les Espagnols fuyaient leur pays à cause de la pauvreté ou de la politique.

Par ces visions, la jeune femme en apprendra plus sur l’histoire de sa famille et, par extension, sur ce qu’on appelle La Retirada. A la lumière de ces révélations, Victoria se sentira prête à prendre sa décision…
 

Par sylvestre, le 1 octobre 2010

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Notre avis sur L’ange de la Retirada

Dans L’ange de la Retirada, le rêve s’imbrique dans la réalité au cours d’une fiction prétexte à raconter l’Histoire, la vraie. C’est la méthode choisie par Serguei Dounovetz pour nous parler de La Retirada sans utiliser de classiques flashbacks, et ceci tout en développant une histoire d’amour… Victoria, l’héroïne, est en effet un personnage qui vit à notre époque mais que ses visions vont rendre actrice d’un passé qu’elle découvre ainsi intimement ; comme ayant soudainement pris conscience de ses racines espagnoles et dès lors envieuse d’en savoir plus sur la raison de l’exil en France de ses ancêtres.

C’est une belle histoire, en vérité, que celle de cette jeune femme qui sent en elle l’appel de ses origines, et, le 9ème art aidant, c’est de manière quasiment magique que l’on va accompagner Victoria dans ses questionnements et dans les réponses qu’elle va "obtenir", ou plutôt qu’elle va laisser germer en elle.

La pauvreté et la famine ont fait s’exiler de nombreux Espagnols avant qu’une seconde diaspora ait lieu à cause de la guerre civile et de l’opposition au Franquisme, puis qu’une troisième encore trouve sa source dans les problèmes économiques qu’a vécus l’Espagne. Cette Retirada est clairement évoquée dans cette bande dessinée sans toutefois être racontée très précisément : juste de quoi rendre un hommage à ceux qui l’ont vécue et donner l’envie d’en savoir plus à ceux qui la découvriraient avec cet ouvrage… Mais L’ange de la Retirada rend aussi hommage à l’association Colonia Española de Béziers dont les actions et l’esprit ont su, depuis ces périodes d’exils et aujourd’hui encore, maintenir éveillée en tous ses membres d’origine espagnole la flamme de leur identité sans la laisser s’éteindre avec le temps même si leur intégration avait fini par se faire correctement de l’autre côté des Pyrénées…

C’est Paco Roca qui signe les dessins de cette BD. Auteur reconnu et maintes fois récompensé, il donne avec talent de la force à cette quête bien spéciale et bien personnelle qu’est celle de Victoria. En bichromie, L’ange de la Retirada est à découvrir aux éditions 6 pieds sous terre.
 

Par Sylvestre, le 1 octobre 2010

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