ANDROIDES
Le Berger

A la suite du crash du vaisseau interstellaire dans lequel il officiait, un androïde, unique survivant de toute une brigade, se découvre sur une planète qui s’avère vierge de toute civilisation évoluée. Doté d’une autonomie de quelques 9 millénaires, celui-ci doit faire en sorte, conformément à ses obligations prioritaires, de trouver le moyen de retourner sur son monde. Après plusieurs jours durant lesquels il procède à une analyse profonde du biotope qui l’entoure, il finit par tomber sur des nomades primitifs qui pourraient peut-être lui apporter quelque ressource. Au moment où il tente d’en capturer deux spécimens pour les étudier, il se voit contraint de les sauver de l’assaut d’un ours géant. Il est alors intégré à la petite communauté et découvre, par ce biais, après soixante années passées à ses côtés, que s’il veut rejoindre sa planète d’origine et bénéficier de la haute technologie nécessaire, il se doit de lui montrer la voie. Il sera donc son berger !

Par phibes, le 10 janvier 2021

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Notre avis sur ANDROIDES #9 – Le Berger

Après avoir s’être construit une certaine popularité avec ses thrillers historiques tels Point zéro, la saga Hard rescue… et s’être immiscé par ailleurs au sein du 9ème art en participant à la série Oracle (tome n° 7 – Le clairvoyant), Antoine Tracqui revient dans cet univers illustré pour nous proposer une nouvelle histoire qui a la particularité de s’inscrire dans la série-concept Androides.

Sous le couvert d’un titre intrigant qui, en premier lieu ne semble pas forcement en lien avec la haute technologie, et d’un premier de couverture qui n’a rien à voir à avec une station orbitale, le lecteur est appelé à suivre non pas un héros avide d’aventures mais d’un robot voyageur qui va se donner un rôle bien précis, celui de faire évoluer tout une planète pour lui permettre de rentrer sur son monde.

Autant dire qu’Antoine Tracqui, sous le couvert d’une voix-off froide et mécanique très abondante, joue la carte de l’originalité en nous rendant témoin de l’interaction de ce robot dans l’évolution d’une planète que l’on connaît bien. Celui-ci est appelé, eu égard à sa longévité et à ses motivations, à traverser de nombreuses époques de ce monde. Ici, le robot, contrairement aux lois de la robotique, n’est pas là pour assister les humains mais plutôt pour les manipuler, les conquérir afin de servir ses propres desseins, campant en quelque sorte une divinité mécatronique qui mène son troupeau d’âmes en influant sur leur mode de vie, en bien ou en mal.

Les nombreuses rencontres auxquelles on assiste ont le privilège de faire tourner profitablement la tête et nous ouvre des perspectives qui se veulent un véritable clin d’œil historique lié aux différentes étapes de l’émancipation de l’homme. De fait, au fil d’un compte à rebours sur plusieurs millénaires, on ne manque pas de suivre ce mystérieux robot, à la perception évolutive, à la fois invisible et très présent, jusqu’à son ultime interprétation.

Après s’être fait généreusement la main sur sa série les Métamorphoses 1858, Sylvain Ferret vient prêter son talent de dessinateur pour animer les pérégrinations de ce fameux robot à travers les âges. Le résultat se veut des plus intéressants et a l’avantage d’égrainer avec habileté une succession de contextes historiques bien restitués. On saluera le sympathique travail sur les personnages tel en premier lieu le personnage principal bénéficiant d’une apparence à la Spawn. Le travail est surtout remarquable dans le choix des perspectives et dans les détails que l’on pourra apprécier sur des plans impressionnants, malheureusement grevés par des phylactères envahissants. Le tout est agrémenté par de belles couleurs éludant tout effet flashy.

Un récit historico-futuriste réellement entreprenant qui prend judicieusement sa place dans la série-concept de chez Soleil et sa collection Anticipation.

Par Phibes, le 10 janvier 2021

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