L'Amourir

Wirde est de retour à Bär-Lein, sur le quai un officier lui demande ses papiers et si il possède un logement. Pendant son absence, un nouveau gouvernement à la politique autoritaire a pris le pouvoir et pour pallier au manque d’habitation, le Parti réquisitionne « l’espace libre » en partageant les logements. N’ayant pas d’endroit où dormir, c’est ainsi que Wirde fait la connaissance d’une jeune femme, Lillie, dont il tombe éperdument amoureux dès le premier regard et réciproquement…

Par melville, le 2 juin 2010

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2 avis sur L’Amourir

Superbe ! Après Le Chant des Sabres, le duo Antoine Ozanam – Tentacle Eye se reforme pour nous offrir une nouvelle fois un album d’exception.

L’Amourir est un titre lourd de sens qui porte en lui tout ce que va être l’histoire qui suit. Choisi, comme le révèle Antoine Ozanam, en référence à une vieille chanson du groupe de rock industriel suisse The Young Gods, L’Amourir c’est une histoire d’amour entre une effeuilleuse et un révolutionnaire, c’est une danse charnelle des corps et des sentiments. On y est comme envoûté, happé, dans une spirale cruelle et infernale animée par la passion où amour et idéologie se mêlent et se démêlent. Le doute et la peur de perdre l’autre, la peur d’être trahi, de souffrir au plus profond de son être, sont les moteurs du récit imaginé par Antoine Ozanam, se sont ces terribles sensations qui déclenchent la folie destructrice du héros. Il y quelque chose de profondément rock dans ces destins à fleur de peau tiraillés entre amour et révolution.

La construction du récit est audacieuse, Antoine Ozanam raconte son histoire avec une économie de dialogues, se concentrant d’avantage sur la voix off d’un narrateur qui s’adresse directement au héros. Ce parti pris donne un résultat qui déroute et fascine à la fois, et amorce doucement le sentiment qu’on se trouve face à une bande dessinée hors du commun. Sentiment qui se confirme quand on admire le travail de Tentacle Eye. Antoine Ozanam a dit à propos de son dessinateur « Tentacle est fou. Plus le challenge est difficile et plus il dessine avec facilité, ou plutôt avec l’apparence de la facilité. J’ai voulu le piéger en lui proposant des mises en scènes et des artifices narratifs différents […] il les a complètement transcendés ». Et en effet, Tentacle Eye fait preuve encore une fois d’une virtuosité graphique et d’aisance rares dans son dessin. Profondément séduisant, presque charnelle, il renferme quelque chose de magique, son dessin à une âme. Et c’est vraiment lui qui termine de sublimer le récit, il instaure ces atmosphères empreintes de mystère, d’onirisme. C’est époustouflant.

Fascinant, entre amour et révolution, entre passion et idéologie, L’Amourir est un récit fort, hors normes qu’il ne faut pas manquer ! Un vrai coup de cœur, un vrai merci aux auteurs.

Par melville, le 2 juin 2010

Je viens à mon tour de découvrir ce remarquable album et je ne peux que rejoindre l’avis de Melville.

Car, en effet, on a affaire, ici, à un album hors du commun, au moins dans la forme. Car le fond est certes passionnant, il n’en est pas moins assez classique, un homme, une femme, une révolution, des camps qui s’opposent, des trahisons, des amants qui s’éloignent l’un de l’autre… Bref, comme bien souvent, c’est le traitement qui va donner tout le relief à cette histoire d’amour, bien plus que les sentiments exprimés, bien plus que les baisers échangés.
Et c’est justement ce qui rend cet album si exceptionnel, toute la mise en forme, que ce soit au niveau du scénario que graphiquement.

Ozanam glisse entre les périodes, les flash-back, le présent, il s’adresse au héros, et comme Perec dans "Les Choses", il créé ainsi une sorte de distance qui ajoute un petit côté théâtrale assez bien vu. On n’est pas dans l’histoire on la regarde, on n’est pas dans la tête du héros, on écoute le narrateur qui décrit ses pensées… L’effet rendu est vraiment excellent, il instaure une petite complicité avec ce personnage, sans vraiment entrer dans les détails, en ne gardant que l’essentiel, l’émotion.
On a peut-être parfois du mal à s’y retrouver, c’est vrai, dans ces ellipses temporelles, mais l’effet général est garanti !

Graphiquement, donc, on est dans un registre assez sombre qui met en valeur les silhouettes, les courbes, les pointes de lumière. Il y a beaucoup de justesse dans ce regard d’artiste, mais aussi pas mal d’audace, avec des expérimentations assez intéressantes et une narration vraiment aux petits oignons.

Un très bon album qui met l’accent sur la complicité entre deux auteurs en parfaite osmose.
Indispensable !

Par FredGri, le 4 avril 2012

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