Chronique d'un crime social

15 courts récits, 12 dessinateurs et scénaristes pour parler d’un sujet difficile à aborder : l’amiante. Qu’il s’agisse de dessinateurs confirmés ou débutants, les talents des uns et des autres se réunissent et dénoncent les méfaits de la matière ainsi que la malversation due à certains intérêts financiers et politiques.
Du p’tit Pierre aux yeux remplis de rêve, à Mr Robveille, en passant par les techniciens des plateaux de cinéma, les tacherons des mines d’extraction, les femmes de mineurs, les victimes d’Amisol, les étudiants de Jussieu et tous les autres, l’amiante ainsi montrée du doigt par cette équipe d’artistes, déclinée en niveaux de gris, nous apparaît encore un peu plus sale.
15 histoires qui s’achèvent comme la vie des personnages.

Par MARIE, le 1 janvier 2001

Notre avis sur Chronique d’un crime social

Tout fut dit ou presque ? Et de toutes les façons qui soient ? Non !
Alors pourquoi ne pas s’essayer aussi à la bande dessinée, medium visuel par excellence ? C’est sans doute ce que se sont dit les auteurs réunis autour d’Albert Drandov, journaliste spécialisé dans les faits de sociétés. Un album de bande dessinée sur un sujet tel que celui ci demande réflexion, recul et documentation. A la base, un travail dantesque de recherches et d’études analytiques sur l’exploitation d’une matière reconnue pour ses bienfaits anti-feu notamment mais dont on décèle très vite les irrémédiables et désastreux effets. 

Le retour de la manivelle ne se fait pas attendre, malheureusement, ni entendre non plus.
Dès les premiers relevés scientifiques prouvant les dégâts mortels causés par l’amiante, les responsables taisent les résultats et font taire les analystes.
La bande dessinée éditée par le Septième Choc n’hésite donc pas à l’ouvrir haut et fort et à déclarer les chiffres, les morts, les noms. 

On ne fera pas revenir les disparus avec ce genre d’élan artistique et solidaire mais le geste est charismatique et important, et montre que la bande dessinée peut sans doute tout dire et tout montrer du moment qu’on sache le faire. Il fallait du tact et de l’élégance mais il fallait aussi susciter l’émotion. Et dans cet esprit, l’Amiante » fait figure d’un coup de poing dans un gant de velours. Mission réussie. 

Les dessins laissent force et lumière dans les regards des personnages et on a vraiment envie, tout à coup, de se lever et de hurler à leur place. 

C’est sans doute un des albums de bd les plus dérangeants de cette année 2005, aux côtés sans doute de tout ce qui dénonce les fléaux mondiaux tels que cette série « Gen d’Hiroshima » du grand Nakazawa, primé à Angoulême 2005.
L’amiante vient d’obtenir le prix Tournesol au grand festival international d’Angoulême 2006.
Cette récompense est très significative et les auteurs peuvent être fiers de ce qu’ils ont réalisé.
Bravo à toute cette équipe !
N’hésitez pas à ouvrir cet album, à le lire même s’il est particulièrement difficile. Il n’y a pas de meilleur moyen pour faire cesser un problème que de l’affronter. 

Mon admiration va aux Folles de Dunkerque et mon respect à l’éditeur qui reverse 10% du prix de l’album à l’Andeya (Association de défense des victimes de l’amiante) comme quoi, la bande dessinée peut servir à quelque chose ! Non ?

Par MARIE, le 3 février 2006

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