Âme perdue

Sous le clapotis d’une pluie abondante, un petit bonhomme tout malingre sort d’une profonde torpeur qui ne lui laisse aucun souvenir. Pour seul indice, ce dernier possède un curieux bracelet à son bras gauche. Totalement éperdu au cœur de ce monde inconnu qui s’offre à ses yeux, il ne peut que se lancer dans sa découverte. Luttant contre les éléments, bravant un relief accidenté, le petit être se voit bientôt tenaillé par la faim. Mais comment se sustenter dans cet extérieur désertique et sauvage ? De rochers en broussailles, de rencontres dangereuses en découvertes surprenantes, celui-ci va devoir parcourir un chemin initiatique qui va lui permettre de percevoir le monde anachronique où il se trouve et ce qu’il est réellement.

Par phibes, le 9 août 2013

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Notre avis sur Âme perdue

Les éditions Delcourt complètent leur sympathique collection Shampooing dirigée Lewis Trondheim via ce one-shot réalisé par l’auteur d’origine italienne Grégory Panaccione, créateur de l’ouvrage Toby mon ami paru chez le même éditeur.

Ce récit, tout à fait surprenant et assurément enchanteur, nous plonge dans un univers énigmatique, sobre et farouche. Il se veut animé par un petit sauvageon chétif qui, comme le lecteur, part à la découverte de ce milieu qui va lui réserver bien des surprises. Aucun repère visuel nous permet, à prime abord, de situer les tergiversations initiatiques du protagoniste principal si ce n’est son apparence hirsute et son manque d’éloquence qui tendent à le cataloguer dans une catégorie ancestrale. Mais c’est mal connaître la volonté scénaristique de l’auteur qui progressivement, au fil de cette aventure sauvage, va faire apparaître des éléments clés qui vont évidemment interpeller et qui vont l’orienter vers une évocation insoupçonnée et poétique.

Il va de soi que toute la subtilité de cet ouvrage repose essentiellement sur le découpage averti du récit qui fait étalage de nombre d’instantanés sans dialogue, parcouru par de multiples borborygmes verbaux . A cet égard, Grégory Panaccione a préféré s’appesantir sur le jeu des expressions de son personnage et à ce titre, parvient sans contexte, à le rendre craquant, cocasse, même émouvant. Aussi, on se laisse gagner par cette féerie ambiante qui, toutefois, connaîtra un brusque revirement dramatique (imparable et saisissant) pour enfin aboutir dans une évocation pleine de tendresse.

C’est donc le jeu graphique qui retient toute notre attention. Ce dernier, se découvrant dans une simplicité d’expressions confondante et dans une juxtaposition classique de vignettes, se veut appuyé par une colorisation directe moins vive que dans le précédent album Toby mon ami mais toute aussi efficace. Grâce à l’apparence maigrichonne de son sauvageon, à son regard remarquablement convaincant et ses attitudes travaillées, Grégory Panaccione réussit généreusement et sans contestation à nous sensibiliser au parcours atypique et onirique de celui-ci.

Une petite histoire tendre à la finalité travaillée que tout un chacun, petits et grands, pourra apprécier à sa juste valeur. Un bien bel ouvrage à découvrir dans la collection Shampooing de chez Delcourt.

Par Phibes, le 9 août 2013

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