ALTERNATIVE (L')
Tome 2

Et si le vie commençait de la même manière pour soudain basculer un jour d’automne 1929 ?

Pierre vit en Champagne-Ardenne avec sa mère française et son père allemand. Pour le garçon comme pour son père, le quotidien n’est pas toujours facile. L’un est un “fils de boche” et l’autre un “sale fritz”. Frantz n’en peux plus et décide de retourner en Allemagne. Sa femme refuse de le suivre.
Mais Pierre, très attaché à son père, décide de le suivre coûte que coûte. Ils ne devinent pas encore les difficultés qu’ils vont devoir affronter. L’Allemagne est exsangue après une guerre perdue et la crise de 1929. Le chômage fait des ravages et les usines croulent sous les candidatures, permettant aux patrons de payer leurs ouvriers une misère.

Lors d’un rassemblement syndical appelant à la révolution, le père de Pierre est assassiné par une milice. Recueilli dans un orphelinat dirigé par un nazi, il change de prénom et devient Karl, de peur d’être renvoyé en France dans une famille qu’il a renié depuis longtemps. Embrigadé, il devient rapidement un élève officier modèle dans le centre de formation des SS.

Par legoffe, le 6 décembre 2009

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Notre avis sur ALTERNATIVE (L’) #2 – Tome 2

Voici le deuxième tome du dyptique “L’alternative”. Un nom bien choisit puisqu’il s’agit de raconter le destin d’un garçon, Pierre, qui – dans le premier volume – reste vivre avec sa mère en France tandis que – dans ce second tome – il part outre Rhin avec son père.

Je ne reviendrai pas ici, sur le fond de l’histoire. Je vous invite – pour cela – à lire la chronique du premier volet de la série.

Concernant la forme maintenant, j’avoue que j’étais intrigué de savoir comment le scénariste allait traiter l’épisode nazi, celui qui représente la “face sombre” de Pierre.

Les sept premières pages, qui constituent la part commune des deux livres, ont été habilement redécoupées de manière à montrer des actions qui restaient “hors champs” dans le premier tome. Nous plongeons ensuite dans la crise allemande, qui constitue le second drame de la vie de Pierre, celui qui va le pousser dans les bras de personnalités aux idéaux bien moins recommandables que ceux des légionnaires du premier opus. Dès lors, c’est un tout autre personnage principal que nous allons suivre dans la guerre. Il est froid, sans scrupules. Bref, c’est un vrai SS.

Pour renforcer les liens entre les deux livres, l’auteur réécrit des événements survenus dans le premier tome. Nous retrouvons ainsi la visite de la maison d’enfance, les retrouvailles avec François et Nicole, etc. Le tout, bien sûr, s’inscrit dans un tout autre contexte !

Mais si l’idée de départ est bonne, j’avoue avoir été quelque peu déçu par le résultat final. Certes, il est intéressant de revivre le contexte de l’époque et cela prend une dimension plus frappante encore avec ce double récit. Pour autant, le scénariste ne parvient pas vraiment à nous surprendre lors de cette seconde lecture. Les parallèles entre les deux histoires restent trop évidents. Chevais-Deighton ne parvient pas à totalement exploiter sa bonne idée. Nous aurions aimé trouver des liens plus étriqués et une exploitation plus en profondeur des différents personnages. La faute, sans doute, à un espace réduit, puisque l’auteur avait l’obligation de boucler l’histoire en seulement 54 pages. Un défaut commun au premier album, mais qui devient finalement plus gênant ici, compromettant en partie l’originalité de l’exercice.

Côté graphisme, le travail de Philhoo est de très bonne facture et offre du réalisme au récit. La mise en couleur est moins douce que celle d’Agosto et donne à ce second album un rendu plus torturé, moins lisse, bien à l’image, finalement, du héros de la série.

Avec ce dyptique, les auteurs font une entrée tout à fait honnête dans le monde de la bande dessinée. Mais un tel projet était complexe à réaliser et le rendu n’est pas vraiment à la hauteur des espérances. Giroud, qui prépare lui aussi un exercice du même style avec la série “Destins” (prévue pour 2010) s’est peut être donné plus de chances de réussir en travaillant sur un nombre d’albums plus conséquent. Cela laisse de la latitude pour mieux développer des intrigues et ménager l’intérêt du lecteur. Mais, de cela, nous jugerons sur pièces dès janvier prochain !

Par Legoffe, le 6 décembre 2009

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