ALTER EGO
Fouad

Alors que la fondation humanitaire HWC commémore, à Johannesburg, les deux ans de sa formidable campagne en faveur de l’éradication du sida, Miranda Grynson, sa créatrice, a été prise en otage par le dénommé Fouad Chaib. Ce dernier, totalement déterminé, souhaite faire avouer à cette dernière les malversations souterraines de cette institution qui, financée par les plus grosses fortunes mondiales, oeuvre sur toute la planète et dont les bienfaits apparents sont reconnus par tous. Pourquoi porter de si graves accusations qui tendent à penser que l’homme n’a plus sa raison ? Si on fait un bond en arrière de quelques semaines, Fouad, petit infirmier belge participant à la WWZA en Colombie, ne présageait pas une telle révolte. Toutefois, c’est lors de sa rencontre avec la sémillante Zelia Andrade pour un examen médical que celui-ci commence à avoir des soupçons sur la réelle portée des tests que font passer les équipes médicales. Aussi, n’hésite-t-il pas à pirater les données des protocoles de dépistage et de vaccination. Evincé manu militari du camp colombien de vaccination, il retourne en Belgique et s’attache les compétences informatiques de Miep pour tenter d’analyser ce qu’il a récupérer. Ce qu’ils vont découvrir dépasse tout entendement.

Par phibes, le 1 avril 2011

Notre avis sur ALTER EGO #2 – Fouad

Publié en même temps que Camille, ce volume ne constitue pas pour autant une suite à cet opus. C’est cette particularité qui fait la force de cette nouvelle série initiée par Pierre-Paul Renders, assisté par Denis Lapière, qui a pris pour parti de réaliser 6 albums "tentaculaires" dont les péripéties s’enchevêtrent adroitement.

Après une première mise en bouche avec Camille, Fouad vient apporter un peu plus de consistance au menu concocté par des auteurs en réelle forme. Ici, le récit, toujours animé, s’attache aux péripéties d’un autre personnage que l’on a croisé furtivement lors de la fin des tribulations de la jeune rouquine. Bien sûr, le lecteur ne pourra se perdre dans les méandres de l’énigme puisqu’un lien avec le preneur d’otage était annoncé précédemment. Aussi, presque naturellement, les auteurs en viennent à expliciter le pourquoi d’une telle vindicte de la part d’un petit infirmier belge.

Ici aussi, le récit joue avec les époques (certes moins prononcé que dans Camille mais tout aussi efficace). Par ce biais, on assiste à la montée en puissance de la colère du personnage principal (qui curieusement semble être le seul en tant qu’employé à ne pas savoir ce qui se trame dans son organisation) et à l’émergence de la manipulation humanitaire via les campagnes mondiales de vaccination de l’HWC. De fait, ces nouveaux éléments viennent compléter astucieusement l’intrigue aux accents scientifiques et conforter la mauvaiseté de certains décideurs dont l’omnipuissance et l’omniprésence sont des plus inquiétantes.

Pour les besoins de ce tome, Mathieu Reynès reste aux commandes graphiques assisté, pour les décors, par Benjamin Benéteau. Le rendu général est tout aussi convaincant que le précédent, preuve que les dessinateurs maîtrisent parfaitement leur style. Usant malgré tout d’un découpage classique, leur mise en images acérées possède un potentiel indéniable.

Un tome réussi qui se veut, vis-à-vis du précédent, d’une complémentarité bénéfique.

 

Par Phibes, le 8 avril 2011

Publicité