Les allumeuses

Que peut-on faire quand on est jeune, sans le sou et peu enclin à travailler ? C’est la question que se posent Charlène et Olivia, deux jeunes punkettes au bord de la déroute et en quête de solution facile. Celle-ci semble se présenter lorsqu’un homme leur propose de participer à une émission de télé-réalité, Pop Academy. Plutôt natures dans leurs réactions un peu engagées, elles sont sélectionnées afin d’apporter, grâce à leur conduite et leurs propos outranciers, un vent de folie dans l’émission. Les organisateurs ont tôt fait de comprendre leur douleur, Charlène et Olivia étant insaisissables. Aussi, lors de la première, les deux punkettes mettent le feu à la scène présageant un scandale sans précédent. Les conséquences de leurs actes vont être sidérantes.
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Les allumeuses

"Les allumeuses" correspond au genre de récit qui se veut, par les réactions excessives de ses personnages principaux, critique vis-à-vis de la société actuelle qui réagit naïvement à une mode préconçue par des instances vénales. François Maingoval et Cha l’on bien saisi et le restitue dans une sorte farce tragi-comique d’une teneur bien accrocheuse.

Pour ce faire, ils mettent en scène deux jeunes filles bien dans le vent, branchées punk et dotées d’un caractère bien trempé. Il suffira de peu de planches pour que le lecteur se forge une opinion de ce curieux duo de choc enflammé qui, malgré ses frasques, n’en devient pas forcément inintéressant. On se plaira d’assister aux errements vocaux de ces donzelles atypiques qui dénoncent avec acidité certains travers de la société de consommation moderne et plus particulièrement du monde de la télé réalité. Par ailleurs, on se gaussera des répercussions que sont censées engendrer leurs écarts sur un monde en quête d’identité.

Le ton est léger, intransigeant, plein de fougue et se maintient tout au long des quelques 114 pages dans une sorte de délire parsemé de coups de gueule et de bravades croustillantes. Il y a donc, sous les airs peu grandiloquents des punkettes, de l’humour mais également de la matière à réfléchir. Assurément, François Maingoval sait mettre le feu, l’attiser mais sait aussi l’éteindre quand il le faut (le final en est la parfaite illustration).

Cha, dessinatrice branchée punk/rock, n’a aucune difficulté à afficher les débordements de sa doublette infernale. En effet, fort de ses travaux antérieurs (voir son site : http://www.chabd.com) et en totale harmonie avec l’aspect de ses personnages, elle parvient à réaliser un travail fin aux entournures débridées des plus plaisantes. Il y a de la vitalité dans son trait qui se fait le porte courant d’un style bien ancré (les visages au gros yeux et sans nez en attestent) et qui promet, sans aucun doute.

Porté par la collection KSTR, ce one-shot est, quant à sa teneur acidulé, des plus agréables à lire. A noter que cette bande dessinée reçu le grand prix du meilleur album de l’année au festival de Moulins en 2008 et a été nominée pour le prix bande dessinée du salon du livre de Limoges 2008. C’est pour dire si c’est un gage de qualité !
 

Par Phibes, le 13 mai 2009

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