ALISIK
Printemps

Parce qu’ils ne supportent pas de voir les pelleteuses prêtes à entrer en action pour détruire les tombes du petit cimetière, les résidents de ce dernier se sont mis à les saccager. La petite Alisik qui partage la même infortune que ces compagnons illuminés, est totalement désappointée par leur comportement enfantin et ne peut s’empêcher de s’en offusquer. Car il faut dire que l’adolescente a, depuis qu’elle a appris il y a six mois qu’elle était morte, gagné en maturité. Est-ce le fait d’avoir rencontré Ruben, le jeune homme aveugle avec lequel elle peut étonnamment communiquer ? Malgré tout, leur amourette semble vouée à l’échec et Alisik doit prendre une certaine distance avec Ruben. C’est après avoir entendu la terrible histoire du Colonel que la jeune fille voit un pan de son passé se déliter. Ainsi, elle découvre le secret qui entoure sa mort et le lien évident qui la lie à Ruben. Elle décide alors de lui en faire part.

Par phibes, le 9 novembre 2014

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Notre avis sur ALISIK #3 – Printemps

Alisik et son univers fantomatique revient pour la troisième saison, le printemps, servie toujours aussi poétiquement par ses créateurs, Hubertus Rufledt et Helge Vogt. Dans ce nouveau volet, l’éclosion des bourgeons est porteuse d’une menace imminente de disparition du petit cimetière où déambulent Alisik et ses compagnons fantômes. En effet, la société qui a pour projet de construire un centre commercial à la place de l’ossuaire communal est sur le qui-vive pour lancer le chantier. Egalement, elle est porteuse d’une double révélation sur la personnalité de la jeune héroïne. Effectivement, de part les évènements qui se sont produits précédemment et sa rencontre mystérieuse avec Ruben, cette dernière semble avoir mûri, appréhendant le danger actuel d’une façon beaucoup plus adulte que ses pairs. De plus, à la faveur des nouvelles péripéties, elle est appelée à découvrir enfin comment elle est morte.

Bien qu’il soit un ton en dessous des précédents, ce nouvel opus amène toutefois une nouvelle série de faits fantastiques liée au groupuscule qui « hante » l’univers mortifère d’Alisik. Toujours dotée d’une sensibilité qui fait mouche assurément conforté par ce mélange très prégnant entre mort, amour et poésie, l’évocation présente ne manque pas de rebondissements. L’histoire d’Alisik avance à grands pas, au fil de découvertes, de remémorations intempestives, d’aveux dramatiques, d’amour impossible, de rendez-vous manqués qui génèrent malgré tout quelques sentiments de tristesse. Les interludes alimentés par les sinistres promoteurs qui souhaitent raser le cimetière et les extraits du livre des morts restent dans une évocation toujours aussi oppressante et augmentent généreusement cette sensation mélancolique.

La partie dessin attire toujours autant. Helge Vogt maîtrise son sujet grâce à l’usage d’un trait « manganisé » et le restitue dans une évocation générale qui suscite bien des émotions. A la faveur d’un concept graphique très varié et original, l’artiste trouve le tact de parler de la mort avec une certaine féerie picturale. Ses décors regorgent d’effets visuels et se veulent colorisés abondamment. Ses personnages sont de tous les bords bien craquants. En particulier, Alisik, qui de par ses mimiques, ses œillades, ses attitudes de fille fragile, donne envie de la suivre jusqu’au bout.

Une troisième saison d’un conte pour grand enfants qui, sous une certaine mélancolie enveloppante, fait éclore bien des situations et qui nous fait espérer rapidement les premiers rayons de l’été.

Par Phibes, le 9 novembre 2014

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