ALISIK
Automne

En ouvrant les yeux, ce jour-là, Alisik se retrouve allongée face à cinq personnages ubuesques. Qui est-elle, que lui-est-il arrivé, où se trouve-t-elle, est-ce un rêve ou la réalité ? Telles sont les questions qui l’assaillent immédiatement et qui trouvent une unique réponse, fatidique, celle d’être morte et de se trouver dans un cercueil au cimetière. Entourée de ses nouveaux compagnons pour le moins fantasques et après une période de stupeur, la petite fille tente de comprendre sa nouvelle situation spectrale et, de par son état post-mortem, les nouveaux codes auxquels elle doit se référer. C’est ainsi qu’en bénéficiant du réconfort de cette clique décharnée, Alisik retrouve un semblant de confiance entrecoupée de souvenirs fugaces de sa vie antérieure. Qui plus est, elle parvient à tisser quelques liens affectifs avec Ruben, un humain qui a la particularité d’être aveugle. Malgré tout, quelque chose à proximité est en train de se préparer menaçant de fait tout le microcosme du vieux cimetière.

Par phibes, le 29 octobre 2013

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Notre avis sur ALISIK #1 – Automne

Les éditions Le lombard mettent à l’honneur le premier tome d’une saga fantastique qui doit se décliner en quatre volets, écrite par un duo d’artistes allemands ayant travaillés pour Disney Italie, Hubertus Rufledt et Helge Vogt.

Comme il se doit, cet épisode nous ouvre les portes de l’univers concocté par les auteurs, un univers, à première vue, sombre, qui assurément n’a rien de réjouissant. En effet, dès les premières pages, il est question de mort, de cimetière et de cercueil dans lequel se réveille une jeune fille, ce qui, en soi, ne respire pas forcément la gaieté. Après ce très court moment de surprise, il est vrai, susurré par le premier de couverture, l’apparition de personnages fantomatiques que Tim Burton ne repousserait pas, vient donner un autre souffle au récit et l’introduit dans une évocation décalée et gentillette.

Bénéficiant d’une approche très ensorcelante, l’aventure contée nous donne à suivre les pérégrinations de l’émouvante Alisik, personnage toute en féminité juvénile, ayant perdu la vie dans des circonstances à déterminer et dont le passé n’est également que nébulosité. De fait, après avoir à la première page enfoncé le clou sur l’état de l’héroïne, les auteurs nous en dévoilent son parcours, entre guillemets initiatique, un parcours qui va la faire passer de l’état de choc à une certaine accoutumance de sa situation. Pour l’orienter, cinq personnages fantaisistes + un autre, Ruben, vivant de son état, font leur entrée, une entrée qui ne manquera de produire ses effets multiples, mortifères, comiques et sentimentaux et ce, tout au long de cet album. A cet égard, la galerie de portraits se veut bien nourrie et également attrayante par les spécificités originales attribuées à chaque protagoniste.

Aussi, sous l’égide d’une saison, l’automne, qui en appelle trois autres, Alisik nous entraîne dans des ambiances post-mortem animées mêlées de sensibilité, de complicité, de générosité, de secret et même d’amourette. Telle une aubade enfantine, le récit coule de lui-même dans des accents imaginaires plaisants et vient même instituer quelque intrigue sur la destinée des spectres que l’on découvrira plus en détail dans le prochain opus.

La partie graphique ne peut laisser insensible. Helge Vogt qui est à la manœuvre a trouvé la palette qu’il faut pour susciter les émotions les plus diverses. Grâce à l’outil informatique et sur des aplats de noir prononcés, il donne vie à la mort, une mort décalée portée par des personnages burtonniens tout en expression, en charisme, en fantaisie. Certes, l’on pressent une base d’étude manga (certaines physionomies comme celles d’Alisik, de Ruben le prouvent) mais celle-ci se voit dépassée par un travail riche, soignée, colorisé densément où le féérique prend toute sa place.

Une superbe ouverture d’une histoire attachante qui fait un mix harmonieux entre la mort, l’amour et l’intrigue. A lire !

Par Phibes, le 29 octobre 2013

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