Alice, à travers le miroir

Alors qu’il neige dehors, Alice passe le temps en compagnie de son petit chat Kitty. C’est en lui apprenant à jouer aux échecs que la jeune fille en arrive à franchir un miroir et à se retrouver dans un monde décalé et bigarré, organisé à la manière d’un échiquier. Une aventure classique empreinte d’un onirisme fort, illustrée pour l’occasion de cette mise en avant, par une adepte du "lowbrow art", la sémillante Lostfish.

 

Par phibes, le 9 février 2011

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Notre avis sur Alice, à travers le miroir

La collection Métamorphose des éditions Soleil s’étoffe de mois en mois. Usant de thématiques qui flirtent avec le domaine de l’imaginaire sublimé, se nourrissant d’une certaine recherche poétique, se voulant porteuse d’une philosophie décalée, cette dernière met sur le devant de la scène éditoriale, en ce mois de janvier 2011, un superbe et luxueux ouvrage qui devrait faire mouche auprès des amateurs d’albums non-conformistes.

Après Les contes macabres d’Edgar Allan Poe illustrés par Benjamin Lacombe, voici donc le tour d’Alice, à travers le miroir, le roman reconnu de Lewis Carroll, à être agrémenté dans son intégralité d’illustrations inédites et des plus originales exécutées par l’atypique Lostfish. Si cette initiative éditoriale permet de rester dans le domaine du classique littéraire, il n’en est pas de même pour le côté graphique au gré duquel on aborde une iconographie ô combien redoutable.

A l’image de la préface élogieuse réalisée par Trevor Brown, l’un des maîtres du "lowbrow art" qui confirme sa totale adhésion au travail engagé de la jeune illustratrice, le lecteur est "vampirisé" par les nombreuses évocations décalées d’Alice et du monde qu’elle parcourt derrière le miroir. Les personnages en grande majorité féminins et sans âge réel, qui viennent au fil des pages embellir la longue prose dans des cadres appropriés, sont d’une beauté imparable, à la fois parés d’une aura doucereuse et d’une symbolique proche de l’étrange, parfois du cauchemar en totale cohésion avec l’univers de Caroll.

Par ailleurs, la colorisation qu’elle emploie est très appliquée, presque poétique, apportant un relief appréciable. La prédominance rouge qui accompagne les visages expressifs est envoûtante, attisant le côté mystérieux et un tant soit peu gothique des êtres. Grâce à sa palette, on ressent beaucoup de sensibilité, d’émotivité féminine qui transparaissent également dans les expressions, les attitudes, les objets divers.

Un ouvrage complet superbe, aux effets anciens, qui s’éloigne quelque peu de la bande dessinée mais qui reste d’une beauté redoutable quant aux illustrations engagées et féeriques, exécutées la talentueuse Lostfish qui pousse les portes d’un imaginaire captivant.

 

Par Phibes, le 9 février 2011

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