Algues vertes : l'histoire interdite

Mensonges, dissimulations, intimidations, politique de l’autruche et méthode Coué… Si les folles énergies mises en oeuvre en Bretagne par les dirigeants, les syndicats agricoles et les industriels avaient servi à s’attaquer réellement au problème des algues vertes plutôt qu’à en nier les catastrophiques conséquences écologique et sanitaire, cette région ne serait pas devenue, ces dernières années, la région des plages qui puent où on peut mourir d’aller se promener…

Par sylvestre, le 15 septembre 2019

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Notre avis sur Algues vertes : l’histoire interdite

 
Les égoutiers le connaissent bien : le sulfure d’hydrogène est un gaz qui les attend éventuellement au tournant lorsqu’ils s’engouffrent dans les égouts et dans les collecteurs. Il fut un temps où c’est en descendant un serin dans une cage qu’on pouvait savoir si l’ennemi invisible était tapi ou non : si le serin mourait, c’est qu’H2S il y avait, et il n’était alors pas question de s’aventurer plus loin ! Si l’oiseau restait en vie, c’est qu’il ne devait pas y avoir de danger. De nos jours, c’est munis de détecteurs d’hydrogène sulfuré modernes que les égoutiers parcourent les réseaux d’assainissement souterrains visitables…

En Bretagne, le décor est tout autre. On est loin de l’univers des égouts : des panoramas magnifiques, le cri des mouettes, les chalutiers qui pêchent au large, le grand air. La carte postale, quoi ! Euh, oui, mais… En Bretagne aussi le sulfure d’hydrogène fait des ravages, mais à ciel ouvert, et jusque sur les plages publiques ! Depuis des dizaines d’années, le phénomène est connu et des analyses sont venues confirmer les doutes : les élevages intensifs sont à l’origine de la formation d’algues vertes qui viennent polluer le littoral breton et sont une véritable menace chimique mortelle pour qui viendrait involontairement y percer des poches de gaz en posant le pied dessus… Sauf que cette vérité n’est pas bonne à dire ! Les politiques ne veulent pas que le tourisme soit pénalisé ni que les choix qui ont été faits au fil du temps en dépit du bon sens soient révélés comme tels, l’éleveur ne veut pas être pointé du doigt et risquer de devoir mettre la clé sous la porte, les industriels ne veulent pas que soit tuées leurs poules aux œufs d’or… Panier de crabes !

Chronique d’une catastrophe annoncée dès lors qu’elle a été dénoncée par les uns mais ignorée par les autres, l’affaire des algues vertes en Bretagne est un malheureux exemple de plus à présenter à qui douterait encore que les politiques et les industriels ne voient rien d’autre que leurs réélections, leurs bénéfices et leurs avantages personnels. Dut-ce être au péril de la vie de leurs concitoyens !

La Bretagne compte ses morts. Des animaux, mais des humains, aussi… Victimes des algues vertes, des algues tueuses ! Dans cette très intéressante bande dessinée, c’est en faisant montre d’un certain courage que Inès Léraud nous raconte tout preuves à l’appui. Son reportage est mis en images par Pierre van Hove et colorisé (avec une prépondérance de vert, allez savoir pourquoi) par Mathilda. Et il est édifiant ! Après, chacun est libre d’aller passer ses vacances où il en a envie, hein. J’dis ça, j’dis rien…
 

Par Sylvestre, le 15 septembre 2019

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