Algériennes

 
Elle savait beaucoup de choses sur son père, mais elle se heurtait constamment à son silence ou à sa colère lorsqu’elle le questionnait sur sa guerre d’Algérie. Qu’avait-il donc de si terrible à cacher pour que ça reste un si lourd secret, même en famille ? Béatrice a alors questionné sa mère et celle-ci a pu lui dire quelques mots à propos de ce pays où elle était allée elle aussi. Elle l’a orientée vers Saïda, aussi ; une amie algérienne.

Or, Saïda était d’une famille de harkis et les souvenirs qu’elle gardait de l’Algérie étaient peu nombreux et douloureux. Elle n’y était d’ailleurs jamais retournée, par peur de représailles. Alors, c’en fut trop, pour Béatrice ! Tous ces non-dits, toutes ces craintes, tous ces silences… La jeune femme en quête de réponses a donc pris des congés pour aller voir par elle-même. Avec un objectif parmi d’autres : rapporter à Saïda une photo de la maison où cette dernière avait grandi.

Pendant son voyage, Béatrice a rencontré plusieurs femmes. Parmi elles : une Pied-Noir, une moudjahidate… Chacune a pu lui apporter son témoignage.
 

Par sylvestre, le 1 mars 2018

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Notre avis sur Algériennes

 
La France a manifestement un problème avec son "Histoire algérienne" et ce malaise offre un boulevard à toutes les suppositions, relançant régulièrement les plus terribles, les plus coupables. Il faut dire que la guerre d’Algérie ne fut pas le conflit le moins complexe : c’est à tous les niveaux que les communautés se sont mises à se détester ! Des Français contre d’autres, des Algériens contre d’autres, et bien sûr des Français contre des Algériens et vice-versa. Un vrai merdier qui a laissé de profondes blessures. Des traces indélébiles que beaucoup s’efforcent à enfouir pour mieux les oublier, pour ne plus avoir à y être confrontés.

Face à cette omerta, Béatrice a voulu en avoir le coeur net et s’est dit que si les hommes ne voulaient pas parler de la guerre d’Algérie, les femmes, elles, accepteraient probablement de lui raconter ce qu’elles en savaient. C’est ainsi que tout au long de cette bande dessinée, on suit Béatrice dans son périple algérien à la rencontre de plusieurs femmes de conditions différentes et qui ont donc chacune un regard différent sur les "événements".

C’est très intéressant à découvrir, et, pour ne rien gâcher, le scénario est tel que chaque femme rencontrée ou évoquée croise à un moment ou à un autre les histoires personnelles des autres. Ces effets de style surprennent et invitent à revenir par moments en arrière, pour retrouver ces moments où les destins se croisent. A noter, à ce sujet, que si le récit met en scène des personnages fictifs, il s’appuie néanmoins sur un contexte historique et sur des situations réalistes.

Swann Meralli est le scénariste de cette BD. Plutôt connu pour des titres jeunesse, il s’est associé là avec Deloupy, un dessinateur qui, après avoir réalisé des titres plus fantaisistes, met son art au service de thèmes plus adultes. On lui doit par exemple Love story à l’iranienne avant cet album Algériennes.

Des moments très durs, des images parfois très crues, mais aussi des moments beaucoup plus apaisés… Des témoignages, des explications, des points de vue, aussi. Afin de mettre des images sur des non-dits, mais afin de remettre les choses dans leur contexte et ceci à hauteur de personnes comme vous et moi ; pas en mode livre d’Histoire.
 

Par Sylvestre, le 1 mars 2018

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