ou L’art de faire des vers à pied

Alexandrin de Vanneville se dit poète des campagnes et des villes. Il arpente les rues, proposant ses feuillets, vivant de peu, vivant de rien, il passe la nuit dans une ruelle ou à l’abri d’un arbre dans un parc… Puis, un jour il rencontre le jeune Kevin qui vient de fuguer. Ensemble, ils décident de faire un bout de chemin, au grès de leur pas. Ils s’éloignent un temps de la ville pour partir à la campagne, ils rencontrent Lysette, font un peu de cueillette de pomme, découvrent les gens, la simplicité, tout en continuant de ne parler qu’en rimes…

Par fredgri, le 8 août 2017

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Notre avis sur ou L’art de faire des vers à pied

On le sait déjà, Kokor est un auteur inspiré, un brin poète, qui nous emporte dans ses magnifiques planches, au grès des errements de ses personnages. Mais quand il rencontre la plume de Pascal Rabate, l’alchimie fonctionne tout de suite et les deux complices nous offrent un album absolument sublime de simplicité et d’humanité !

Cet Alexandrin n’a d’autres messages que de se laisser vivre au grès du vent, portant sa parole en rimes à ceux qui veulent l’entendre. Il n’est pas là pour gêner, ni même pour provoquer quoi que ce soit, si ce n’est, pendant peut-être une seconde, un doux sentiment de bien être, en lisant une poésie sur la vie qui s’écoule lentement. Dès lors, pendant notre lecture nous nous laissons aller à simplement suivre cet homme accompagné par ce gamin qui se cherche et qui redécouvre, au côté du poète, le simple plaisir de vivre une vraie liberté faite de bien être, même si c’est parfois difficile de vivre dans la rue…

On reconnait bien le style de Kokor, cette façon de mettre en scène ces petites séquences, de jouer subtilement avec les émotions sans insister en les montrant du doigt. Mais on retrouve aussi le regard de Rabate, plein d’humilité sur les gens, sur cette vérité brute et sans concession. Un croisement d’univers au service d’un album très touchant, d’une très grande finesse, sans jamais, pour autant, tomber dans le misérabilisme.

Car c’est justement de ça qu’il s’agit, de ce portrait d’un homme qui vit dans la rue, qui rythme cette existence au grès de ses rimes, tel un slameur qui pratique son art au quotidien, sans interruption ! Pose-t on à un moment un regard plein de pitié sur lui ? Jamais, il semble heureux, peut-être s’empêche-t il de réellement voir cette existence de solitaire ? Peut-être, mais il jouit aussi d’une liberté à laquelle peu peuvent vraiment prétendre, une liberté loin des obligations du matérialisme, loin des tentations qui nous aveuglent la plupart du temps. Alexandrin s’allonge à l’ombre d’une botte de foin, il sourit et s’endort sans ne devoir rien à personne !

Je reste encore sous le coup de cette très touchante lecture qui, malgré la dernière partie plus mélancolique, fait du bien !

Un bel ovni, très vivement conseillé !

Par FredGri, le 8 août 2017

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