ALAN MOORE PRÉSENTE SWAMP THING
Volume 3

(Saga of the Swamp Thing 51 à 64)
Après avoir rencontré, dans le tome précédent le Parlement des arbres, après avoir découvert ses nouveaux pouvoirs et affronté avec ses amis magiciens les hordes de démons, la Créature des marais revient sur terre et apprend qu’Amy vient d’être emprisonnée, accusée d’amour contre nature avec "Alec". Ce dernier, en colère, décide d’aller secourir sa bien aimée à Gotham. Mais après avoir libéré les forces de la nature sur la ville contre la libération d’Amy, la créature se voit soudain brulée vive et coupée de son essence terrestre. Réfugiée sur une lointaine planète, son esprit prend alors conscience de sa transcendance et entreprend un long périple initiatique pour revenir vers celle qu’il aime…

Par fredgri, le 14 septembre 2020

Notre avis sur ALAN MOORE PRÉSENTE SWAMP THING #3 – Volume 3

Avec ce volume, nous découvrons le dernier tiers de l’ère Moore sur le titre. En parallèle, il écrit les Watchmen et Miracleman, menant ainsi, de front, trois projets extrêmement exigeants qui vont marquer très profondément le monde des comics et la carrière de Moore en particulier !

De plus, on pouvait s’attendre à une baisse de vitesse après le très impressionnant arc "American Gothic", mais Alan Moore, alors au sommet de son écriture, prouve qu’au contraire, il est temps d’aborder des sujets plus profonds, son écriture évolue, plus "poétique", plus évocatrice, il se lance alors dans la longue quête initiatique que va traverser la créature, en exil forcé dans l’espace ! Et l’on a droit à des épisodes extrêmement impressionnants, tel que le Swamp Thing 60 conçu autour de splash pages composées de collages, de photocopies, de montages audacieux, presque abstraits. Sublime performance de John Totleben qui extrapole complètement les codes du comics. Ou encore le Swamp Thing 62 ou la créature rencontre Metron dans l’espace, sans oublier les épisodes émouvant mettant en scène Amy qui passe de l’incompréhension face à son emprisonnement à la douleur d’avoir perdu l’être qu’elle aime, puis au deuil, l’abattement ! Moore s’attache, avec finesse, à peindre le portrait d’une femme qui se redécouvre, plus forte, plus déterminée qu’auparavant, alternant ainsi les épisodes plus conceptuels avec la créature et ceux plus intimistes et bouleversants avec la jeune femme, démontrant une nouvelle fois la force de son écriture, sa profondeur !

Moore est habituellement un scénariste très intellectuel, mais assez fin pour savoir doser les émotions. Toutefois, ici il montre qu’il peut aussi être un scénariste du sensible, avec des passages qui sont très touchants, qui ne laissent pas indifférent ! Et le corpus général de cette période montre bien l’incroyable richesse stylistique de ce scénariste hors norme qui va révolutionner définitivement le monde sclérosé des comics et imposer un haut niveau d’exigence à cette industrie… Son run sur Swamp Thing démontrant son talent, mais aussi le potentiel de ce médium.

Néanmoins, tout n’est pas à mettre au crédit du scénariste, il ne faut pas oublier qu’il est accompagné par des artistes remarquables à plus d’un titre. Qu’il s’agisse du duo Bissette/Totleben qui fait des merveilles pour suivre les exigences de Moore, au travers de planches très impressionnantes, ou encore le duo Veitch/Alcala qui prend avec brio la suite, livrant eux aussi des planches absolument sublimes et très audacieuses !
Cette série ne serait rien sans cette osmose entre les artistes, entre cette communication en interne qui transparait dans chaque case. Il s’agit d’un travail d’équipe, des équipes qui maîtrisent leur art, leur langage, qui livrent ici une série qui reste un monument de la bande dessinée à redécouvrir sans plus attendre !

Ce troisième et dernier volume nous propose donc une lecture essentielle qui reste encore aujourd’hui brillante et moderne !

Un chef d’œuvre à redécouvrir sans plus attendre !

Par FredGri, le 14 septembre 2020

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