ALAN MOORE PRÉSENTE SWAMP THING
Volume 1

(The Saga of Swamp Thing 20 à 34 + The Saga of Swamp Thing Annual 2)
Alec Holland, suite à un malencontreux accident, est devenu un être que l’on appelle désormais Swamp Thing (la créature des marais). Il vient à nouveau d’affronter son vieil ennemi, Arcane qu’il a réussi à vaincre. Cependant, il apprend en même temps que progressivement sa part d’humanité a été "digérée" par son essence végétale, qu’il ne reste de Holland que son âme. Cette découverte provoque en lui une véritable remise en question qui bouleverse absolument tout son rapport au monde, à lui même, et sa relation avec Abby. De son côté, Arcane revient en se réincarnant dans le corps de Marc, le mari d’Abby. Il revient à la charge dans une véritable danse de l’horreur…

Par fredgri, le 8 août 2019

Notre avis sur ALAN MOORE PRÉSENTE SWAMP THING #1 – Volume 1

Alan Moore, au début des années 80, se fait remarquer par les américains, grâce à son travail dans Warrior ou encore 2000AD. On lui doit à ce moment là des séries exceptionnelles comme V for Vendetta, Marvelman, D.R. and Quinch… Len Wein, alors éditeur de la série The Saga of Swamp Thing, qui ne marche plus trop, demande au scénariste anglais, sur les recommandations de Bissette et Totleben, de prendre en charge la série en lui laissant les mains libres. Moore, dont c’est le premier travail américain, voit l’opportunité de refondre entièrement cet univers, un peu comme il a pu le faire avec Marvelman, auparavant.

Dès les premières pages, il se débarrasse des précédentes intrigues en court et redéfinit l’essence de ce personnage hybride. Il insiste sur la nature végétale qui a progressivement remplacé Holland et accentue l’aspect horreur du titre. Malgré tout, il s’agit ici d’une horreur plus viscérale, plus insidieuse, plus psychologique ! En tentant de mieux se comprendre, en prenant conscience de l’aspect contemplatif de sa vie désormais, la créature des marais inscrit son existence dans quelque chose de bien plus intimiste, plus profond ! Il n’est plus ici question d’entraîner le héros dans une suite d’aventures incroyables, mais bel et bien de l’amener à entrer en harmonie avec son environnement, d’assumer sa nature d’être élémentaire !
Et cette confrontation au corps, au physique, le parcours spirituel de ce qui reste d’Alec Holland donne toute la matière à Moore pour transformer une série moribonde en véritable chef d’œuvre de la bande dessinée. Cette renaissance, ce traitement extrêmement "radical" va provoquer l’enthousiasme de toute une nouvelle génération de lecteurs qui découvre qu’il est dorénavant possible de s’éloigner des sempiternelles séries écrites pour un jeune lectorat pour plonger dans des univers résolument plus adulte et intelligent !

L’écriture de Moore est d’une grande subtilité, d’une richesse incroyable ! Il évoque plus qu’il ne décrit, il plonge dans les pensées de personnages, use de monologues intérieurs, d’ellipses, devient poète, nostalgique, puis nous fait glisser dans l’horreur pure… On est complètement subjugué par cette maestria qui annonce une carrière à venir encore plus prometteuse !

Graphiquement, on retrouve Steve Bissette et John Totleben qui œuvraient déjà sur la série depuis quelques mois. Ils sont rejoints par Rick Veitch et Shawn McManus, créant ainsi une sublime atmosphère à la série !

Bien sur, la lecture de ce premier volume nous éblouit. Beaucoup de très beaux moments ("Leçon d’anatomie", le magnifique "Le Sacre du Printemps", l’émouvant "Pog"…) qui rendent l’objet savoureux et précieux !
Je ne saurais assez vous conseiller de redécouvrir cette incroyable série qui a permit à Alan Moore de se faire connaître !

Indispensable !

Par FredGri, le 8 août 2019

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