ALACK SINNER
L'âge des désenchantements

Alack Sinner a vieilli, il a laissé tomber son métier de détective, même s’il garde toujours son bureau, qu’il y passe de temps en temps. Il a eu une fille, Chéryl, avec Enfer, mais la séparation l’a éloigné d’elle. Il souhaiterait pourtant arriver à renforcer les liens, qu’ils soient plus complices… Une vieille amie vient alors lui demander de l’aider à trouver qui la menace… Sans se méfier, Alack vient de mettre les pieds dans les platebandes du gouvernement…

Par fredgri, le 8 janvier 2018

Notre avis sur ALACK SINNER #Int.2 – L’âge des désenchantements

Dans ce deuxième volume nous retrouvons un Alack Sinner vieillissant qui a laissé derrière lui sa carrière de détective, qui ne souhaite qu’enrichir sa relation avec sa petite fille, qui se pose sans cesse des questions sur ce qu’elle lui répond, sur le regard qu’elle pose sur lui, sur son rôle de père.
Un volume ou le vieil héros rompt avec le rythme du premier opus découpé en petit chapitres indépendants les uns des autres. Ici, il est surtout question de sa relation avec sa fille et de son évolution depuis le début. Les histoires se complexifient, plus impliquées, plus engagées, les auteurs parlent de la société, des ambiguités qui entourent les attentats de 2001, Alack Sinner veut protéger sa famille, il tente d’enquêter et même s’il est quelque peu dépassé il garde son intégrité et cette force de caractère qui sont ses marques de fabrique.
Du coup, ces récits sont beaucoup plus tendus, mais aussi plus facinants. Car il est ici question du monde qui entoure le personnage, du temps qui passe, de cette essence, cette volonté de construire quelque chose de durable avec sa fille avec laquelle il a longtemps eu du mal à communiquer.

Cette désillusion qui se glisse dans le titre c’est ce regard qui Sinner pose sur un monde qu’il ne tente plus de comprendre, fait de différences, de manipulations, de malversations. Ainsi lorsqu’il va rendre visite à Sophie il croise une population qui le jauge comme un étranger, qui le provoque et le rejette en l’insultant. Il ne tente même plus de réagir, de leur répondre, tout semble glisser sur lui, sans impact. Dans le dernier album "L’affaire USA" il se retrouve mélé à une affaire qui tourne autour des attentats du 11 septembre 2001 et qui se nourrit des doutes qui flottent autour de ces dramatiques attentats. L’affaire est réellement complexe, il faut suivre les détails (un peu comme la narration elliptique et cryptique de "Nicaragua"), mais rapidement on comprend bien que Sinner ne s’intéresse fondamentalement pas aux multiples ramifications de ce scandale, tout ce qui compte c’est remettre la main sur sa fille.

Mais ce second volume de l’intégrale Alack Sinner est bien plus profond et fascinant que le précédent, je trouve ! L’écriture de Sampayo y est nettement plus complexe et impliquée et le graphisme de Munoz s’abstrait davantage. Les silhouettes se déforment, le trait devient encore plus minimaliste et l’encrage bien plus audacieux. On est dès les premières pages sous le charme hypnotique de ces planches magnifiques et ces histoires qui nous emporte dans els errements intimistes d’un homme vieillissant qui gagne en texture, en présence !

Décidément, cette lecture démontre très efficacement le poids de cette série dans le paysage de la bande dessinée mondiale et l’impact qu’elle a eu sur de nombreux auteurs ensuite !

A lire absolument !

Par FredGri, le 8 janvier 2018

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