Airboy Deluxe Edition

(Airboy 1 à 4)
Un matin, Eric Stephenson, éditeur chez Image, appelle James Robinson pour lui proposer de reprendre Airboy, un vieux personnage tombé depuis dans le domaine public. Tout d’abord réticent, le scénariste finit par accepter, bien conscient de n’être absolument pas motivé ! Ainsi, peinant à trouver l’inspiration, il décide de chercher un artiste en la personne de Greg Hinkle ! Ensemble, ils tentent de chercher des idées au grès des bitures et autres soirées particulièrement bien arrosées. Quand soudain, apparait devant eux Airboy lui même qui se demande ce qu’il peut bien faire ici !

Par fredgri, le 9 mai 2016

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Notre avis sur Airboy Deluxe Edition

Reprendre un vieux personnage pratiquement oublié peut s’avérer rapidement être un exercice difficile et assez casse gueule. Mais plutôt que d’aborder le problème frontalement, en se lançant dans le cœur du sujet, James Robinson décide de le contourner en axant le récit sur lui même. Car ce qui est la base même de l’histoire c’est la difficulté du scénariste pour se dépêtrer de ce projet, trouver le bon angle d’approche, réussir à avoir la bonne étincelle pour lancer le reste !

Et cet album explore progressivement les questions qui se posent à Robinson.
Tout d’abord, il se questionne sur le décalage qu’il peut y avoir entre un personnage qui évolue pendant la deuxième guerre mondiale, qui se bat contre une armée nazie complètement fantasmée, et notre époque moderne, aux mœurs bien plus libérées qu’à l’époque ! Comment comprendre un tel personnage ? Comment le mettre en phase avec cette modernité décomplexée ? Pour appuyer son propos il se met en scène, avec son dessinateur, et ils se confrontent directement avec le personnage fictif, amenant le lecteur à appréhender de façon très cohérente la réalité même d’Airboy !

C’est très astucieux, car cette mise en abime permet à Robinson d’aborder tout un tas de sujets périphériques au projet. Comme la notion du domaine public, de la popularité d’un personnage fictif, de sa réalité vis à vis de son cadre historique… Il est ainsi possible de plonger concrètement dans ce que représente un tel projet et dans quelles dispositions psychologiques l’auteur doit ensuite l’aborder !

Cette catharsis amène Robinson à faire le point sur sa vie, sur sa carrière, il se demande si son éditeur actuel (DC) lui donne les moyens de s’épanouir, s’il ne s’est pas quelque peu trahit lui même, et ainsi si sa carrière n’est-elle pas en train de complètement décliner !
Mais le scénariste reste très subtil dans son propos, même s’il se décrit comme un alcoolo héroïnomane au dernier degré, qui trompe sa femme, qui perd pied avec ses obligations maritales. Il a peut-être tendance à l’auto-apitoiement, forçant les caractères, mais je trouve que cela fonctionne assez bien, d’autant que l’auto-dérision amène une pointe d’humour assez bien vue !

Graphiquement, Greg Hinkle est complètement en phase avec le traitement du scénario. Son trait cartoony et réaliste à la fois est un vrai bonheur pour les yeux. Ses mises en scène restent très dynamiques et vivantes, c’est parfait !

On peut, au final, avoir l’impression de passer un peu à côté du sujet, mais au contraire, cette introspection très intelligente, un peu à la façon du C’est un oiseau de Steven Seagle, ouvre une nouvelle vision sur l’acte de créer, tout en rebondissant très finement sur le personnage lui même !

Je vous conseille vivement cette lecture qui va très prochainement être traduite chez Jungle, alors ne laissez pas passer cette opportunité !

Par FredGri, le 9 mai 2016

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