AIRBORNE 44
S'il faut survivre

En décembre 1944, les forces allemandes ont lancé une contre-offensive sur le plateau de Bastogne dans les Ardennes belges. Tessa, aviatrice américaine, s’est engagée volontairement, comme beaucoup d’autres pilotes, pour prêter main forte aux alliés, et s’est donc envolée de la base de Chalgrove après avoir vu, d’un coup de vent, son ami Seb Leter et raté, une fois encore, Tom de Witt. Ce dernier, d’ailleurs, emprisonné pour conduite irresponsable, se prépare à passer devant un conseil disciplinaire et risque minablement de rester un bon bout de temps enfermé. Lors d’un vol au dessus des Ardennes enneigées, Tessa a la malchance de se dérouter et d’être accroché par un Messerschmitt. elle finit par se crasher en plein territoire allemand, là où les affrontements sont les plus violents. Blessée légèrement, elle est recueillie par le propriétaire d’un domaine. Aussi, côté allié, il est décidé de la sauver et pour cela, Seb et Tom, deux éclaireurs de la 506 PIR que l’aviatrice connaît très bien, sont envoyés au feu. Arriveront-ils à temps pour sortir celle-ci des griffes nazies ?

Par phibes, le 30 avril 2014

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Notre avis sur AIRBORNE 44 #5 – S’il faut survivre

Après deux diptyques particulièrement réussis et surtout reconnus par un large public, Philippe Jarbinet a décidé de revenir pour un nouveau cycle et, à cet égard, on ne le blâmera pas. Toujours sous l’aile bénéfique de la maison Casterman, cet auteur généreux nous replace dans les ambiances de la Bataille des Ardennes (dont on a pu déjà apprécier dans le premier diptyque), région naturelle dont il est originaire et dont il connaît, à l’instar de Jean-Claude Servais, remarquablement son histoire.

S’il faut survivre nous ouvre les bans d’une nouvelle histoire, une histoire au long cours qui se déclare lors de la seconde guerre mondiale, durant le conflit ardennais de 1944 et qui puise sa force, du moins dans ce premier épisode, dans les souvenirs d’un petit groupe de personnages clé. A cet égard, Philippe Jarbinet trouve la juste évocation pour nous sensibiliser sur la destinée multiple de Tessa, Seb, Tom et Stefan, en utilisant un cadre fondé solidement historiquement parlant. Grâce à un jeu habile d’alternats, l’auteur dynamise son équipée et lui donne plus de coffre via une intrigue simple en apparence (la sauvegarde d’une pilote perdue en territoire ennemi) et un usage de retours dans le temps indispensable pour connaître le lien entre les protagonistes qui vont participer à sa recherche.

Ce premier opus se veut à l’image des précédents, humainement concluant, fertile en explications, en actions et en profondeur d’âme. A ce dernier titre, l’artiste travaille au mieux le caractère de ses personnages, diversifiant les aspirations de chacun et leur donnant un temps pour se dévoiler psychologiquement, sur leurs origines peu aisées et sur leur rencontre impromptue, tout en décrivant judicieusement le malaise social américain des années 40.

Même s’il en bave assurément, Philippe Jarbinet nous réserve à chaque album de sa saga guerrière un travail exceptionnel en exécution directe. Des paysages enneigés des Ardennes aux grands espaces désertiques du grand Ouest américain, l’artiste nous émerveille grâce à une colorisation d’une richesse incontestable et une représentation des personnages toute en sensibilité. On saluera tout particulièrement sa rigueur quant à la représentation des engins de guerre (air et terre), hautement réalistes, les représentant dans des évolutions superbement gérées.

Un très bel album qui ouvre une nouvelle histoire aux dimensions humaines comme sait les raconter l’artiste de talent qu’est Philippe Jarbinet.

Par Phibes, le 30 avril 2014

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