AIRBORNE 44
Black boys

A la fin du mois d’août 1944, la ville de Nice est libérée de l’oppresseur allemand. Dans la liesse qui s’ensuit, les soldats américains sont accueillis à bras ouverts. Jay Webb, appartenant au 551st Parachute Infantry Battalion, en fait partie et partage la joie de la population en s’acoquinant avec une jeune niçoise. Son manque de tact pousse cette dernière à partir. Elle s’arrête devant un petit groupe de militaires afro-américains qui jouent du blues et s’intéresse au guitariste, Virgil, fils d’Alvin Burdette célèbre bluesman qu’elle a vu en concert. Leur échange est surpris par les compagnons à Jay. Tout en proférant des propos racistes, celui-ci le passe à tabac. Cette altercation n’étant pas passée inaperçue, Virgil se voit muté par son colonel à Brest. Il rejoint ainsi son ancienne unité du 333rd Field artillery Battalion et participe au pilonnage de la ville et à sa libération. Deux mois et demi plus tard, il remonte avec deux compagnons vers Paris. Ayant beaucoup d’avance sur leur unité, les trois hommes décident de passer 24 heures dans la Capitale. Virgil en profite pour rencontrer sa demi-sœur Edith qu’il ne connaît que par courrier et gardée par une amie Denise Grégoire et pour aller se recueillir sur la tombe de son père dont il a peu de souvenirs. Mais Virgil doit repartir. Après avoir passé une semaine au trou, il repart sur le front situé à la frontière germano-belge. Là, il va à nouveau croiser Jay Webb avec lequel il va devoir partager des moments très douloureux.

Par phibes, le 2 mai 2021

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Notre avis sur AIRBORNE 44 #9 – Black boys

Très inspiré par la seconde guerre mondiale, Philippe Jarbinet continue avec une rare intensité à produire des récits en deux tomes de cette terrible époque en se focalisant sur des destinées qui ont été marquées par celle-ci. Avec ce nouvel opus, l’auteur entame un nouveau cycle (le cinquième) ayant la particularité de mettre en exergue un personnage fort, Virgil, afro-américain, qui, tout en étant lié à la guerre, va marcher sur les traces de son père et de sa famille éclatée.

Une fois encore, Philippe Jarbinet trouve le juste équilibre pour nous captiver. Entre les faits guerriers qu’il ne manque pas de mettre en rappel et la fiction portée par son personnage central, Virgil, il nous immerge dans une histoire teintée de racisme et d’amertume, et qui va devoir opposer puis rapprocher deux hommes de souches différentes pour un objectif commun, sauver sa peau.

L’équipée qui en découle est superbement orchestrée. Sur fond de blues et sous le couvert de protagonistes on ne peut plus présents et attachants, l’auteur démontre une réelle volonté de travailler dans du concret. Sur ce point, on lui saura gré d’avoir collé sa fiction au plus proche de la réalité historique en relatant des faits authentiques (le massacre de Wereth est le plus frappant), cadre de choix ayant pour avantage de rendre les péripéties encore plus concluantes.

Aussi, eu égard à cette base très solide qui démontre une recherche documentaire conséquente, le récit se veut des plus prégnants, tant l’histoire retranscrite révèle excellemment à la fois l’enfer de la guerre (ici au plus proche de la forêt ardennaise, territoire que Philippe Jarbinet connaît on ne peut mieux) et ce qui peut se tramer chez les combattants (ici rapports ségrégationnistes).

La part graphique reste comme d’accoutumée époustouflante. A l’appui d’une couleur directe de plus en plus maîtrisée, l’artiste donne une vision de son récit superbement réaliste et pour le moins admirable. Le travail est indéniable que ce soit au niveau des décors qui se veulent de toute beauté, parcourus par des engins militaires d’un détail impressionnant (les paysages ardennais sous la neige sont de véritables tableaux en aquarelle). Les personnages restent, malgré quelques petites distorsions au niveau des visages, suffisamment expressifs pour traduire toutes les émotions.

Un nouveau cycle plein de promesses réalisé par un Philippe Jarbinet à la fois patient et passionné. Bravo !

Par Phibes, le 2 mai 2021

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