Ainsi va la vie

Comme chaque année à la même date, François, la trentaine bien marquée, a l’humeur joyeuse puisqu’il a rendez-vous avec ses anciens potes. En attendant les retrouvailles, il se laisse bercer par les tendres souvenirs des années passées durant lesquelles, avec Stéphane, Laurent, Sophie, Natacha et Jean-Edouard, ils ont partagé de nombreux moments faits de jubilation, d’extase, de complicité, d’espoir, mais aussi de coups de gueule, de dérives, de désillusions et de drames. Et oui, c’est ainsi que va la vie !

 

Par phibes, le 2 avril 2010

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Notre avis sur Ainsi va la vie

A peine son excellent policier historique Aspic, détectives de l’étrange chez Soleil montre-t-il le bout de son nez que Thierry Gloris refait parler de lui par l’intermédiaire de ce nouvel ouvrage paru chez Drugstore. Cette fois-ci, cet auteur touche-à-tout, a opté pour une histoire contemporaine dans laquelle il met en balance la destinée d’un groupe de six individus aux parcours totalement différents mais partageant une amitié commune.

Calé sur des existences qui pourraient être celles de monsieur ou madame tout le monde, le scénariste nous entraîne dans une sorte de chassé-croisé d’époques dans lesquelles évolue le fameux sextet. Ainsi, si le récit débute au temps présent, il bascule rapidement dans un passé proche (un mois avant le rendez-vous avec François) et vient par ce biais expliciter le statut social de chaque protagoniste. C’est à partir du deuxième chapitre que l’introspection dans le passé se fait plus lointaine et dresse la base des liens qui unissent les six personnages.

François, Stéphane, Laurent, Sophie, Natacha et Jean-Edouard dévoilent chacun caractère et cursus subtilement travaillés. Thierry Gloris nous intéresse, au gré d’une évocation naturelle non linéaire et fougueuse, à leurs vicissitudes, leurs manières d’appréhender au jour le jour leur destin. Le parcours multiple du groupe, le brassage existentiel auquel ils sont soumis, n’est pas sans raviver des souvenirs d’une jeunesse, que nous, lecteur, avons pu vivre, à la fois dorée, nimbée d’insouciance et d’utopie. L’auteur parvient, grâce à cela, à nous captiver.

Toutefois, cette évocation n’est pas toute rose puisqu’il y introduit progressivement un drame, par dose homéopathique, poussant le lecteur à s’interroger sur la façon dont certains ont vu leur vie changer radicalement (Jean-Edouard par exemple). Leur déviance voire la descente aux enfers, sera bien sûr précisée, ainsi que ce curieux rituel auxquels les six copains s’adonnent chaque année, qui, imparablement, à la fin de l’album, tombera comme un couperet nous laissant dans un silence évocateur.

Signant semble-t-il son premier ouvrage, Frédéric Charve réussit sans nul doute son entrée dans le monde de la bande dessinée. En effet, son dessin possède un attrait remarquable quant à la représentation de ses personnages à travers les ages et de ses nombreux décors intérieurs et extérieurs. A ce titre, on appréciera la vigueur de son trait, on s’intéressera sans retenue à cette recherche d’un réalisme sans fioriture qui porte bien ses fruits et à la colorisation généreuse de Joelle Comtois qui complète avec justesse le travail du dessinateur.

Un très bon moment de lecture à la saveur acidulée.

 

Par Phibes, le 2 avril 2010

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