L'ADOPTION
La Garùa

Marqué profondément par la séparation avec la petite péruvienne Qinaya que son fils, Alain, a « adopté » illégalement, Gabriel Van Oosterbeek s’est attaché les services d’un détective privé afin de retrouver la petite fille qui a fait chavirer son cœur et provoqué bien des remous dans sa famille. Après avoir traversé l’Atlantique et retrouvé l’enquêteur à Lima, le vieil homme a enfin la possibilité de revoir Qinaya. Cette dernière vit avec sa mère et son grand-père, et ce dans une harmonie totalement perceptible. Conscient qu’il n’a plus rien à faire au Pérou, Gabriel décide de rentrer illico en Belgique. Il fait la connaissance de Marc Legendre, un compatriote belge qui attend de récupérer le corps de sa fille disparue lors du dernier tremblement de terre à Arequipa, avec lequel il procède à un échange de tickets. En attendant le départ, les deux hommes font plus amples connaissance et visitent à temps perdu la capitale péruvienne. C’est à la suite de leurs échanges que Gabriel va prendre conscience de sa situation. Son voyage va alors prendre une tournure autre que celle qu’il espérait au départ.

Par phibes, le 19 juin 2017

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Notre avis sur ADOPTION (L’) #2 – La Garùa

Après une première partie emplie d’émotions, nous replongeons dans l’histoire de Gabriel, cet ancien boucher belge dont le côté faussement bougon avait été éphémèrement effacé par l’arrivée de la craquante Qinaya. Nous le retrouvons à la suite de la terrible et brutale séparation provoquée par l’arrestation de son fils Alain et le renvoi de la petite péruvienne dans son pays d’origine.

C’est sous le couvert d’une décision personnelle (celle de retrouver Qinaya au Pérou) que nous replongeons dans les pérégrinations de Gabriel. Ce dernier joue le tout pour le tout pour retrouver cet enfant qui a fait basculer bien des cœurs et à ce titre, tous les espoirs semblent permis. Toutefois, Zidrou, toujours en grand stratège, a décidé de prendre une orientation inattendue et, comme il se doit, prend le risque de nous surprendre.

Force est de constater qu’à la lueur de ce que la rencontre entre Gabriel et Qinaya va générer, Zidrou nous entraîne dans une nouvelle désillusion, qui évidement va être de nature à assombrir le voyage de l’ancien boucher. Et c’est à la faveur d’une nouvelle rencontre (elle-aussi emplie d’émotions) qu’un nouveau chemin va se dessiner, qu’une prise de conscience va s’éveiller pour aboutir sur un acte sans parole. Il va de soi que, comme précédemment, le récit ballotte agréablement entre humour efficient et sentimentalisme généreux. Le scénariste a misé pour cela sur des dialogues ciselés, jouant sur des situations communes mêlant drame et cocasserie, souvent certes dans des effets inattendus mais toujours aussi redoutables. Gabriel est à ce titre fait preuve d’une grande présence, sa personnalité d’homme bourru s’effaçant au profit d’un homme qui se cherche… et qui va se trouver.

Côté dessins, Arno Monin peut se targuer de sa complémentarité avec le scénariste. En effet, si le verbe de ce dernier est subtil, le trait de ce dessinateur est des plus aiguisés. Il suffit pour s’en convaincre de voir comment cet artiste de talent croque le paysage péruvien, dans une restitution peu sophistiquée mais pleine de représentativité. De plus, le travail sur les personnages est superbe. Gabriel est réellement concluant dans sa démarche, dans ses nombreuses expressions qui trahissent une réflexion intérieure. Idem pour Marco dont le caractère démontre une certaine abnégation rafraîchissante, pour Qinaya, petit bout de fille sensible et fragile. On perçoit un certain humanisme ambiant qui fait du bien, associé à des élans humoristiques qui tempèrent la douleur des évènements. On saluera au passage le très beau travail sur la colorisation qui donne à l’ensemble un côté apaisant.

Une fin d’histoire inattendue qui en bouleversera plus d’un lecteur. Du Zidrou comme on aime en lire porté avec excellence par un Arno Monin au faîte de son talent.

Par Phibes, le 19 juin 2017

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