ADLER
Le goulag

De retour sur Bora Bora après avoir vécu des péripéties atomiques aux abords des Islas Desvanturadas, l’aventurier Adler est capturé par un contingent de militaires soviétiques pour être ramené sur Moscou et être interrogé par les instances du MGB. Torturé sans avoir avoué ce qu’elles souhaitaient entendre, il est déporté, en compagnie d’autres détenus, au fin fonds de la Sibérie dans un goulag spécial dirigé par le sanguinaire Drago. Subissant toute sorte de brimade, Adler profite d’un tir de mine pour s’évader. Malheureusement, la réplique ne se fait pas attendre et c’est Drago, lui-même, qui se lance sur les traces du fugitif. Ce dernier parviendra-t-il à éviter de tomber dans les griffes de son poursuivant, peut-être en bénéficiant d’un appui extérieur inespéré ?

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur ADLER #10 – Le goulag

"Le goulag" est malheureusement le dernier album que réalisera René Sterne avant de disparaître prématurément. Ce sera également cet épisode qui soulèvera quelques réactions quant à la radicalité de sa vision sur les goulags qui peut s’apparenter à des camps de la mort nazis. A cet égard, anticipant quelque peu ces réactions, René Sterne a décidé de prévenir le lecteur dans un préambule évocateur.

Ce dixième tome, historiquement bien inspiré, nous embarque dans une aventure dépaysante puisque nous quittons les eaux tumultueuses du Pacifique du Sud du précédent épisode pour intégrer le dur climat de la grande Russie et plus précisément de la Sibérie orientale. En ce lieu perdu et réfrigéré, Adler connaît de nouvelles péripéties dangereuses dans lesquelles l’humanité et la pitié ne sont pas de mise. Les situations qui s’offrent à nous et qui cataloguent la gente soviétique dans le rôle des mauvais, sont dures, avilissantes et représentatives d’un régime totalitaire, sans concession envers les minorités.

Le duel que l’on pressent entre Adler et Drago le sanguinaire n’est pas forcément celui auquel on pourrait s’attendre. A ce titre, L’auteur mène (et ce, il a prouvé à plusieurs reprises auparavant) habilement son scénario et de fait, se plait à nous surprendre en évitant de trop jouer dans le conventionnel.

Son personnage principal, doté d’une abnégation à toute épreuve, n’en est pas moins déterminé et sait, quand il le faut, prendre des décisions, certes qui peuvent étonner sur le coup, mais peuvent se révéler payantes, émotionnellement parlant. Indubitablement, le coup de pouce de son créateur à sa destinée est quelque fois important mais toujours dans une limite raisonnable et souvent pour la bonne cause.

Avec cet opus, René Sterne a atteint une maturité graphique excellente, maturité qui le destinait à travailler avec Jean Van Hamme sur le projet d’une aventure de "Blake & Mortimer" ("La Malédiction des trente deniers") et qui resta inachevé suite à son décès (mais qui doit être repris par son épouse, Chantal De Spiegeleer). Son style est très clair, pointilleux et se définit par une recherche aiguisée dans les proportions. Les émotions les plus diverses sont bien ressenties au travers des expressions traduites par des mimiques somme toutes simples et efficaces. Les paysages neigeux sibériens sont d’une grande beauté et largement explicites quant à la froidure ambiante.

Cette dernière aventure d’Adler est à apprécier à sa juste valeur historique et émotionnelle, témoin de la folie meurtrière des hommes.

Par Phibes, le 26 mars 2009

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