Eloge de la fidélité

"La bande dessinée s’est toujours inspirée du patrimoine littéraire, qu’elle continue d’adapter. Mais beaucoup de ces adaptations ont mauvaise réputation. On les accuse non seulement de simplifier les récits d’origine mais aussi d’être mal dessinées, bref de desservir en même temps la littérature et la bande dessinée. La vogue récente des adaptations littéraires dans le domaine du roman graphique permet de revenir sur certains lieux communs et d’interroger les formes et enjeux de ce type de transpositions, aujourd’hui souvent ambitieuses et fort originales.
Richement illustré, le présent livre fait le point sur cette nouvelle tendance dont il examine à la fois les défis et les réussites. Le but qu’il poursuit est double : montrer qu’une adaptation littéraire peut être aussi audacieuse et créative qu’un récit original ; prouver qu’une bonne adaptation n’est pas obligée, contrairement à ce qui se répète partout, de s’éloigner de son modèle. Les meilleures adaptations littéraires en bande dessinée sont fidèles à leur texte-source, sans pour autant le reprendre de manière servile.
Les divers aspects d’une adaptation littéraire en bande dessinée – du besoin de raccourcir le texte ou de réduire le nombre de personnages à la nécessité d’associer un visage à une voix en passant par la difficulté de dessiner un « ton » ou un « style – sont examinés à travers une sélection représentative d’œuvres récentes. On y retrouve entre autres Jacques Tardi, Stéphane Heuet, David Sala, David Vandermeulen, Manu Larcenet, Clément Oubrerie et une dizaine d’autres créateurs."
Résumé éditeur

Par fredgri, le 23 novembre 2020

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Notre avis sur Eloge de la fidélité

De plus en plus, on a l’impression qu’il n’y a jamais eu autant d’adaptations en bande dessinée qu’aujourd’hui. Mais pourtant, c’est un exercice technique presque aussi vieux que le medium lui même, avec des périodes bien plus intenses qu’en ce moment, ou il était alors question de vulgariser une littérature jugée trop élitiste pour les "masses laborieuses". On en trouvait donc partout dans les journaux, les revues et autres publications pour la jeunesse !
Actuellement, l’adaptation a le vent en poupe, des collections se créent, les auteurs s’éloignent des grands classiques, voir même dont des choix très audacieux, vers des œuvres littéraires de plus en personnelles !

Jan Baetens s’interroge alors sur les enjeux du travail d’adaptation. Faut il tout garder, faut-il rester fidèle ? Faut-il s’emparer de l’original, s’en éloigner… Mais après tout, qu’est-ce qu’une bonne adaptation ? Pour étayer son questionnement, il dissèque pour nous plusieurs œuvres, s’attarde sur l’approche de l’auteur, sur le rapport au matériau initial. Comment il a réussi à retranscrire tel effet de texte, telle ambiance, était-ce un choix judicieux, a-t on pris des risques ? A-t il été nécessaire de couper des parties… ?

Chaque point abordé est une porte ouverte vers l’incroyable potentiel de cet exercice de funambulisme qui consiste à prendre un roman et d’en tirer un travail graphique, une réinterprétation plus ou moins personnelle ou plus froide.
L’essai analyse donc tous les aspects de ces transpositions en poussant très loin la démonstration et sa réflexion ! Il aborde d’autres concepts tels que l’adaptation en bloc, ou en régime abstrait… Même si l’écriture reste très accessible, il faut bien reconnaître que certains chapitres sont plutôt complexes, malgré des explications toujours claires. Toutefois, le panorama qui nous est alors proposé est d’une incroyable pertinence, très érudite. Une étude édifiante finement argumentée.

Si vous appréciez les ouvrages assez techniques et exigeants, je ne saurais assez vous conseiller de découvrir ce livres passionnants !

Par FredGri, le 23 novembre 2020

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