ABYMES
Deuxième partie

En ce mois de septembre 1946, au cinéma des Champs-Elysées, se déroule la première du nouveau long métrage réalisé par Henri-Georges Clouzot intitulé Le Mystère Balzac. Alors que Charles Barrant-Rondeau, le producteur, fait son speech d’ouverture devant un parterre très fourni impatient de voir le chef-d’œuvre annoncé, Suzy Delair et Bernard Blier s’interrogent sur le retard du réalisateur. Où est-t-il et pourquoi un tel retard qui ne lui ressemble pas ? Pour en saisir les raisons, il faut faire un retour en arrière de quelques mois, au moment où l’affaire du Docteur Petiot fait la une des journaux. Clouzot tourne une scène de son film à Bayeux et Brabant-Rondeau est venu se rendre compte du tournage. Sur les lieux, ce dernier retrouve l’héroïne, Suzy Delair, en pleurs, martyrisée par son tyran de réalisateur. Celui-ci est loin de se calmer puisqu’au visionnage des rushes, il s’aperçoit que quelqu’un dans son dos tournent des scènes qu’il n’a jamais souhaité. Qui cherche à s’immiscer dans son film et pourquoi ?

Par phibes, le 13 mars 2013

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Notre avis sur ABYMES #2 – Deuxième partie

Après avoir initié au mois de janvier sa série concept avec Balzac, Valérie Mangin revient sur le devant de la scène pour nous produire l’avant-dernier volet de son projet consacré cette fois-ci à un personnage plus contemporain et tout aussi illustre à savoir le réalisateur Henri-Georges Clouzot.

Cet épisode se révèle assez astucieux et original, (peut-être la mise en abyme est un peu moins flagrante que le précédent) puisque conformément au principe adopté par la scénariste pour les besoins de son triptyque, nous introduit dans une destinée qui elle-même se veut intégrée dans une autre. Cette version "parallèle" qui trouve un certain lien avec l’histoire précédente de Balzac (Clouzot vient de tourner un film titré Le Mystère Balzac) permet ainsi de découvrir ce réalisateur pour le moins caractériel dans un rôle de manipulé qui va lui faire vivre moult désagréments (et même le pire). De fait, il donne lieu à la mise en place d’une intrigue particulièrement macchivaléque et bien ficelée, allant chercher des liens avec des personnages et faits d’antan et nous réservant de bonnes surprises.

Pour les besoins de ce récit, Valérie Mangin n’hésite pas à mélanger le réel avec le fictif. Elle met en avant des acteurs réels comme Suzy Delair et Bernard Blier qui, en 1946, ont réellement tourné ensemble pour Quai des Orfèvres ou encore le producteur Charles Brabant., dans des emplois adroitement calculés.

Côté graphique, Loïc Malnati (Congo Océan, Wounded…) s’associe pour la deuxième fois à la scénariste (après le diptyque Du plomb pour les garces) et nous livre un travail bien sympathique. Malgré un encrage un peu trop gras, ce dessinateur anime cet épisode avec efficacité, dans une étude de personnages physiquement intéressant et un rendu historique qui vaut son pesant documentaire.

Une histoire complète somme toute bien menée, qui met en avant un personnage public dans des circonvolutions dénaturées volontairement et qui ouvre les bans d’une dernière mise en abyme touchant la scénariste elle-même. Le rendez-vous est d’ores et déjà pris.

Par Phibes, le 13 mars 2013

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