ABYMES
Première partie

Alors qu’il vient de terminer l’écriture d’un nouveau chapitre de son roman La peau de chagrin, Honoré de Balzac se voit trahi par l’éditeur de La revue de Paris qui a préféré publier un feuilleton anonyme à la place de son œuvre. Courroucé par cette initiative, il n’en est pas moins surpris de s’apercevoir que ledit feuilleton s’attache à narrer sa vie depuis son jeune âge. Si les premiers chapitres ont tendance à lui faire penser qu’il s’agit d’une évocation honorifique, les suivants le font vite déchanter de par leur teneur outrancière et délatrice. Une seule solution s’impose à lui, celle de découvrir celui qui met sa vie en abyme et le mettre hors d’état de nuire pour que s’arrête à jamais cet étalage narratif avilissant.

Par phibes, le 8 janvier 2013

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Notre avis sur ABYMES #1 – Première partie

Après Imperator, Moi Jeanne d’Arc, Alix Senator et Le Livre de Skell, Valérie Mangin revient dans le paysage de la bande dessinée en se lançant dans une nouvelle initiative éditoriale plutôt originale. En effet, sous la bannière de l’expression artistique de "mise en abyme", celle-ci s’est investie dans l’écriture de trois albums dédiés à trois auteurs de différentes époques avec la particularité d’imbriquer chaque récit dans un autre de même type.

Avec ce premier épisode, Valérie Mangin nous invite à faire un saut dans l’Histoire en nous replongeant dans les frasques balzaciennes du 19ème. Et à ce titre, qui mieux que le romancier Honoré de Balzac lui-même peut en faire l’évocation. C’est ainsi que tout en nous installant dans la période où le fameux auteur est en pleine création de l’une de ses œuvres maîtresses La Peau de Chagrin, Valérie Mangin introduit sa touche personnelle pour nous faire assister, au moyen de ce procédé peu évident mais réussi qu’est la mise en abyme, à une dérive existentielle particulièrement captivante.

Non dénué d’une certaine cocasserie au niveau de la tournure des évènements dramatiques qui touchent indubitablement à la vie privée du romancier et à ses travers, le récit est l’occasion d’assister à la déliquescence d’un écrivain dénigré par un autre qui reste à découvrir. La descente aux enfers qui en découle se vautre dans des circonvolutions bien remuantes, drainées par des accents de comédie, de dissolution, de folie furieuse qui vont crescendo, par des élans chimériques qui trouvent un certain écho avec la représentation balzacienne.

C’est l’inépuisable Griffo qui s’associe à la scénariste pour mettre en images les tribulations d’Honoré de Balzac. Une nouvelle fois, cet auteur, qui a pu nous enchanter sur sa dernière participation à la saga Sherman, revient dans des dispositions graphiques un peu moins réalistes et particulièrement savoureuses. Alors qu’il se fait fort d’utiliser une palette de couleurs chaudes et généreuses, ce dessinateur se joue avec une certaine délectation à représenter Honoré de Balzac dans un style emporté, cocasse. Le jeu des personnages est impressionnant de vivacité, de par le travail efficient sur les expressions, les effigies, sur les détails historiques.

Une ouverture originale et attrayante sur une trilogie qui se veut un véritable appel pour lire la suite.

Par Phibes, le 8 janvier 2013

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