AARIB
El majnoun

Depuis qu’il a été récupéré inanimé par la tribu des Aarib après une errance dans le désert brûlant, François le Guennec est entre la vie et la mort. Aussi, une question taraude l’esprit des hommes bleus : François serait-il devenu fou ? La réponse est à trouver dans le proche passé du jeune écrivain qui a, dans cette région désertique du Maroc marquée par l’occupation française et la pression des pillards, vécu des moments d’intenses émotions. Dure destinée de celui qui depuis, est surnommé "Le majnoun" !

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur AARIB #2 – El majnoun

Jérôme Heydon signe ici la fin de son diptyque non sans avoir dressé un portrait élogieux et chaleureux des hommes du désert et plus précisément de ceux de la tribu des Aarib. Pour ce faire, on retrouve l’écrivain François le Guennec, le personnage central de cette aventure exotique, qui vient, par l’intermédiaire de sa plume et ses péripéties sahariennes, nous en faire l’exposé des plus convaincants.

La plénitude est l’un des sentiments les plus fort que l’on peut avoir en se calant dans l’ombre du "majnoun". Le gigantisme du territoire que l’on perçoit sans équivoque, l’impression d’être un infime grain de sable voletant au gré des péripéties climatiques et humaines dans un territoire à la fois beau et hostile, prennent corps dans les écrits laconiques du jeune expatrié et forcent le respect. Il y a de la poésie, de la dureté, de l’humanité. Jérôme Heydon nous fait part de tout un ressenti personnel forgé sans nul doute à la suite de ses voyages en ces terres irradiantes et surchauffées qu’il apprécie énormément.

Les dialogues sont simples, concis (comme s’ils étaient comptés à cause de la sècheresse) et sincères et apportent un intérêt non négligeable à l’aventure. Le journal de bord de François est très présent et, grâce à ses entournures sensibles, nous transcendent favorablement.

Il va de soi que la partie graphique qui détient une part prépondérante dans l’ouvrage, est d’une grande profondeur d’âme. On ne peut qu’être transporté par les grandes étendues, à la fois nues et animées, dont Jérôme Heydon se fait le rapporteur dans des formats les plus divers. On peut être subjugué par les couleurs très contrastées, utilisées à bon escient selon les situations. Par ailleurs, on pressent une étude très fouillée, empreinte de sagesse, des personnages, de leur culture et de leurs caractères. Les gros plans sont fréquents et confirment, par leur précision, le talent de portraitiste de l’auteur. De même, certains plans larges et immobiles apportent subtilement une sensation de zoom de telle manière qu’on a l’impression que la caravane passe, indifférente au lecteur.

"Aarib" est une très belle fresque saharienne qui, par sa grande qualité générale, constitue sans contexte un superbe appel au dépaysement.
 

Par Phibes, le 1 avril 2009

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