AÂMA
L'odeur de la poussière chaude

Sur la planète Ona(ji), un homme se réveil au beau milieu d’une nature hostile. Plus de souvenir de ses derniers jours et étonnamment lui qui était myope voit désormais très bien… Bientôt Churchill, un singe robot aux jambes humaines, le rejoint et lui apprend qu’il se prénomme Verloc. Manifestement les deux individus se connaissent. Churchill tend un carnet à Verloc, il s’agit son journal. Verloc le parcours, se souvient…

Par melville, le 27 octobre 2011

Notre avis sur AÂMA #1 – L’odeur de la poussière chaude

L’odeur de la poussière chaude est le premier tome de la nouvelle série de Frederik Peeters au titre énigmatique Aâma. La série s’annonce tentaculaire et articulée autour de nombreux cycles comme l’explique l’auteur sur son blog (aâma). Aâma est donc un projet bicéphale et ambitieux : il est à la fois une série de bande dessinée et le journal de bord de sa création. Plus qu’anecdotique la lecture du blog exalte celle de l’album et ouvre des perspectives insoupçonnées sans rien altérer du plaisir de la découverte, bien au contraire : une expérience singulière et envoûtante.

Aâma est un récit de science-fiction et d’anticipation où en filigrane infuse 2001 : l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick. Evidemment cette référence semble incontournable quand on évoque la science-fiction, mais elle est ici en un sens comme cristallisée au cœur même de la démarche de Frederik Peeters. L’auteur suisse est avant tout un conteur d’histoires qui aime distiller des atmosphères épaisses empreintes de métaphores, voir même de métaphysique. A ce titre, ses deux précédents albums, Pachyderme et Château de sable (avec Pierre-Oscar Levy au scénario) en sont un bon exemple. Et bien que plus « écrit », notamment du fait de la voix-off du héros, L’odeur de la poussière chaude ne perd rien de cette dimension.

Ce premier volet permet à Frederik Peeters de mettre en place son univers et ses personnages, mais loin de ne se réduire qu’à une longue introduction, L’odeur de la poussière chaude est déjà passionnant. Peeters utilise une narration sous la forme de longs flashbacks entrecoupés de quelques instants ancrés dans le temps présents où règne une tension palpable. Ainsi il conjugue non sans malice une entrée frontale dans un univers inconnu source de suspense et d’interrogations et les éléments d’un passé récent venant à chaque instant alimenter l’intrigue. Au fil des pages les personnages se dévoilent et gagnent en épaisseur tandis que le récit monte en puissance avec une intensité dramatique croissante. Captivant !

Il est réellement passionnant de voir le traitement de la couleur sur cette nouvelle série – notamment quand on les compare à celles de Pachyderme, de ressentir l’atmosphère qui émane des planches. Avec de subtils jeux de lumière et une alternance de plans sérés pour capter l’émotion des visages et de plans très larges saisissant le spectaculaire anxiogène de la nature, Peeters nous emporte. Son travail sur le dessin qu’il soit simplement illustratif du commentaire off ou bien empreint d’une dimension narrative affirmée, brille par cette volonté de placer l’image avant l’idée, de porter le récit et de lui donner une âme…

Un must à posséder d’urgence !

Par melville, le 27 octobre 2011

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