À LA VIE À LA MORT
Pierrot le fou

Le 11 novembre 1946, en début de soirée, à Paris, deux infirmiers se présentent à la Villa Diderot (clinique chirurgicale) pour prendre en charge un patient se nommant Paul Chaplain. Après que les formalités de sortie aient été réglées, le malade est installé dans une ambulance qui prend la direction de Saint-Germain. Durant le trajet, Chaplain, qui s’appelle en fait Pierrot, se réveille et donne des signes de souffrance. Tentant de fuir les contrôles de police, les deux infirmiers (des faux) arrivent à bon port, dans une maison isolée. Malheureusement, après avoir transporté le malade à l’intérieur, ils s’aperçoivent que ce dernier est décédé. Ne pouvant le ramener à la clinique, ils décident de l’enterrer sur une île non loin de la maison. Ainsi disparaît Pierre Loutrel, alias Pierrot le fou, un malfrat français violent consacré ennemi public n°1 dans les années 40 qui fut à la tête du gang des tractions à l’origine de nombreux larcins audacieux sur Paris et dans le sud de la France.

Par phibes, le 14 septembre 2017

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Notre avis sur À LA VIE À LA MORT #1 – Pierrot le fou

Suite à la publication en 2015 de son roman biographique intitulé La légende de Pierrot le fou, Rodolphe s’est décidé à exploiter le travail exécuté sur cette œuvre pour l’utiliser au profit d’une adaptation en bandes dessinées. Pour ce faire, l’auteur a décidé de nous présenter le portrait de ce malfaiteur spécialisé dans les attaques à mains armées au travers d’un entremêlement d’époques et de faits judicieusement associés.

Il en ressort un récit qui vaut pour son dynamisme ambiant dû à la juxtaposition plutôt rapide des différentes tranches de vie. Pour ce faire, dès le départ, Rodolphe pose un repère inéluctable qui est l’année 1946 et qui signe la fin des exactions du truand, et à partir de celui-ci, relate les faits marquants et authentiques qui vont contribuer à sa montée en puissance.

Malgré sa gueule d’ange, très vite on comprend que la violence est le quotidien de ce sinistre personnage. A cet égard, afin de bien illustrer l’effronterie de celui-ci et sa propension à faire fi de toute morale, le scénariste a choisi de rester dans l’action pratiquement continue. De fait, durant toutes les époques évoquées, Pierre Loutrel, en véritable caïd, apparaît souvent poings en avant, flingues menaçants accompagnés de larrons de même acabit ou alors, à l’opposé, faisant le joli cœur.

Ce premier volet se suffit à lui-même eu égard à cette reconstitution biographique simple qui campe efficacement le personnage. Elle a le privilège de balayer généreusement sa vie (certes très courte puisqu’il est mort à 30 ans) sans toutefois trop gratter en profondeur et de se focaliser plus précisément sur les actions qui, au grand dam des autorités policières, l’ont rendu tristement célèbre avec le gang des tractions.

C’est la deuxième fois que Gaël Séjourné œuvre avec Rodolphe. Après le tome 5 de la série J’ai tué, ils se retrouvent donc pour la mise en images de la biographie de Pierrot le fou. Le résultat est on ne peut plus remarquable. L’artiste surfe superbement sur le plan réaliste et réussit par ce biais à bien restituer, historiquement parlant, les époques et les décors à la faveur d’une belle recherche documentaire. Pareillement, le travail sur les personnages, sur leur physionomie, sur leurs actes les plus radicaux, est concluant et leur donne une présence incontournable.

Une entrée en matière efficace, dynamique et sans appel sur un personnage infréquentable qui a su, à une certaine époque, se rendre célèbre. Suite au prochain numéro !

Par Phibes, le 14 septembre 2017

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