A LA RECHERCHE DE LA LICORNE
La blessure et le baume

La Castille de la fin du 15ème siècle avait pour roi un souverain incapable d’assurer sa descendance. A cette époque, les connaissances attribuaient à la corne d’un animal fort méconnu des vertus qui pourraient changer cette royale impuissance.

C’est ainsi qu’une expédition fut montée, pour aller quérir, dans des contrées où nul chrétien ne s’était jamais aventuré, une corne de l’animal en question qu’on appelait la licorne… Il était décrit dans certains ouvrages de l’époque. Réputé féroce comme pas d’autres, on ne pouvait l’amadouer qu’en lui offrant la compagnie d’une vierge.

Juan de Olid, le capitaine nommé pour l’expédition, mit ainsi cap sur le sud inconnu à la tête d’un groupe comptant de nombreux arbalétriers et une jouvencelle…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur A LA RECHERCHE DE LA LICORNE #1 – La blessure et le baume

Marco Polo l’avait déjà évoqué dans son livre paru en 1298, mais il parlait, lui, (en termes peu flatteurs !) de l’unicorne qui habitait les forêts de l’actuelle Inde. Quoi qu’il en soit, et par les témoignages recueillis en Chine dont il s’était fait l’écho, Marco Polo avait participé à la construction du mythe de la licorne. Une licorne qu’on vit alors fleurir sur les cartes géographiques illustrées et qui fit bien du tort aux narvals alors chassés pour leur corne effilée puis achetés par des commerçants peu scrupuleux se vantant de proposer d’authentiques cornes de licornes auxquelles on attribuait entre autres des vertus aphrodisiaques.

Emilio Ruiz et Ana Miralles revisitent à leur tour ce mythe en adaptant en bandes dessinées le roman éponyme de Juan Eslava Galan. Ils nous font suivre une expédition du 15ème siècle partant à la recherche de licornes aux confins de l’Afrique encore inexplorée par les blancs. Animaux mythiques s’il en est, ces quadrupèdes illustrant les bestiaires moyen-âgeux ont entrainé dans leur sillage de multiples autres légendes comme ce mode d’emploi pour leur capture à l’aide de femmes vierges ! Se nourrissant de toutes ces naïves croyances de la très vieille Europe, les auteurs n’ont pas eu de mal à réaliser une histoire fort intéressante et forte originale qui pourtant à l’époque de sa première parution n’a pas reçu l’accueil qu’elle aurait mérité.

Le dessin d’Ana Miralles y est certes bien différent de nombreux autres des titres de la collection Vécu, ce qui a peut-être éloigné l’intérêt des lecteurs. Il répond en tout cas à des choix graphiques sur lesquels l’auteure avait misé : des couleurs et des compositions rappelant les enluminures des manuscrits du Moyen-Age.

Des années après, en 2008, l’occasion de redécouvrir cette lecture s’offrira en l’intégrale qui sera éditée par les éditions Dargaud alors forts du succès de la série qu’aura entre temps dessinée pour eux Ana Mirallès : Djinn.
 

Par Sylvestre, le 11 août 2008

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