A l'ancienne

Dans le couloir du métro parisien, un vieil homme fait la manche en jouant du violon. A ses pieds repose son étui dans lequel quelques piécettes accompagnent curieusement un lot de diamants. Alors qu’une vieille dame tente de s’en emparer à ses dépens, le musicien s’interroge sur sa situation, sur cette amnésie qui le frappe et qui l’empêche de se remémorer son passé. Qui donc est-il réellement ? Est-ce que la mort tragique du Commissaire Radovsky et la gronde sociale relatées dans le journal auraient un rapport avec son état ? Ah, sacrée mémoire !

Par phibes, le 7 juin 2019

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Notre avis sur A l’ancienne

La petite maison d’édition Filidalo met à l’honneur une nouvelle production qui a son intérêt par le fait qu’elle regroupe deux artistes ayant déjà fait leurs preuves dans son catalogue à savoir Benoît Vieillard (Devil street 1888 et Devil street 1940) et Julien Monier (Gant blanc, Gant noir et Fatalitas). Fort de leurs expériences et de cette association, ces derniers entrainent dans leur sillage un autre auteur, Marty, lui permettant ainsi de faire ses armes.

Ce one-shot a la particularité de nous immerger dans une papi-story qui fleure bon la comédie franchouillarde. A l’image des Vieux fourneaux (de Lupano et Cauuet), nous suivons les péripéties liées à trois octogénaires peu versés dans le respect de leur prochain (auteurs d’un casse) et fortement enclins à faire les pires bêtises. C’est Julius Jacob, violoniste vétéran frappé d’Alzheimer, qui donne le ton et qui, à l’appui d’un carnet bien utile, va nous entraîner dans des péripéties parisiennes détonantes.

L’on concèdera que l’intrigue mise en place via Julius vaut surtout par le jeu d’écriture mis en place par les auteurs. En 4/5 planches, les questions sont posées (Quel est le passé du vieil homme et quelle est l’origine des pierres précieuses qu’il détient ?), nécessitant évidemment des réponses qui vont être étalées sur le restant de l’album. Pour cela, Marty et Benoît Vieillard ont opté pour une évocation (certes à l’ancienne) mais surtout chronologiquement inversée, partant de la fin (l’instant présent dans le métro) pour aboutir au début de l’aventure séculaire.

Il va de soi que cet exercice scénaristique donne un réel intérêt à l’histoire et permet au fur et à mesure de découvrir Julius, mais aussi Norman et Clovis dans leurs arts et personnalités. Malgré un accent dramatique ambiant très présent, on ne se lasse pas du déroulement chapitré assez bien fichu du scénario qui, sous de bons effets amusants, fait la part belle à des tirades savoureuses et à des surprises appréciables.

Fort d’une bibliographie conséquente, Julien Monier fait état ici d’un travail maîtrisé qui a le privilège, dès que l’on ouvre l’album, de titiller l’œil. Son graphisme plutôt caricatural, mis en relief par une colorisation de belle qualité, se veut des plus riches en détails et ne manque en aucun cas d’un certain dynamisme. Ses papis, de par leurs dispositions et leurs caractères propres, bénéficient d’une image décatie particulièrement croustillante et apportent une réelle présence dans l’équipée.

Une bien bonne surprise à découvrir chez Filidalo !

Par Phibes, le 7 juin 2019

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