La Nouvelle Orléans après le déluge

le 28 Août 2005, l’ouragan Katrina frappe la Nouvelle Orléans, dévastant tout sur son passage, principalement "grâce" à ses vents de près de 280 km/h et ses vagues de 11 m de haut… Plus de 1800 morts vont alors être déclarés, sans compter les rescapés qui se voient du jour au lendemain sans maison, à la rue, sans un sou pour survivre…

Travaillant avec les secours après la catastrophe, Josh Neufeld va commencer à collecter des infos et quand le magazine online Smith lui demande d’animer une BD en ligne retraçant les évènements il va avoir l’idée de s’attacher à 7 personnes qui vont alors nous relater ce qu’ils ont vécu…

Il y aura d’abord Denise qui va tenter de survivre avec sa mère, sa nièce et le fils de cette dernière. Ensuite Léo et Michelle qui vont aller se réfugier à Saint Louis. Kwame, un élève de Terminale. Le "Docteur" qui habite le quartier français, plus en hauteur, qui va donc échapper aux évènements, sans pour autant y être indifférent. Puis il y a Abbas et son pote Darnell qui vont rester dans la boutique d’Abbas, espérant pouvoir protéger sa superette contre les vandale… Il n’avait juste pas prévu l’ampleur de l’ouragan…
Comme tout le monde d’ailleurs, y compris la ville elle même !

Par fredgri, le 11 décembre 2011

Notre avis sur La Nouvelle Orléans après le déluge

Dans le cadre d’une catastrophe aussi monumentale que cet ouragan Katrina qui ravagea la Nouvelle Orléans et traumatisa à vie ses habitants, il est important de pouvoir ouvrir un espace de parole ou certains rescapés peuvent s’exprimer, raconter, témoigner. Ce jour là j’étais devant ma télé, à des milliers de kilomètres du drame et déjà je n’envisageais qu’avec un certain frisson l’horreur que devaient vivre ces gens là-bas.

Quand je me suis plongé dans cet album, je ne l’ai pas fait par curiosité malsaine, je voulais juste en savoir plus sur cette réalité, sur ce que ça avait été sur le terrain. A ce titre, le travail de Neufeld est remarquable. Il ne tombe jamais vraiment dans le gros pathos (peut-être une ou deux scènes pour appuyer l’ambiance, mais globalement c’est tout), se contentant de laisser "parler" ses personnages (le fait que tout soit tiré de faits réels, d’expériences vécues, amplifie toutes les scènes) et de suivre l’évolution des évènements au fur et à mesure. Il a d’ailleurs adopté un code de couleur pour chaque jour, ce qui est aussi une très bonne idée pour bien ressentir la notion du temps qui passe.

Mais ce que j’ai particulièrement apprécié c’est la différence entre chaque ressenti, entre chaque expérience. Cela permet à l’auteur d’aborder ce qui se passe sous plusieurs angles, d’une part, et surtout il peut ainsi appréhender le thème de la perte sous toutes ces formes. Que ce soit la perte d’une maison, d’un quartier, d’une innocence ou même la perte de ses souvenirs, d’une vie, d’une passion, on sent vibrer les mots de ces rescapés.
Le traumatisme qui s’est insinué dans ces vies prend ainsi plusieurs aspects et on est finalement touché par cet homme qui découvre sa collection de comics ravagée par l’eau, par cet homme qui doit vider son magasin rempli de marchandise insalubre ou encore par cette femme révoltée par la gestion des évènements par la ville et le pays ! Jusqu’à quel point l’horreur qui se glisse dans ces regard va-t elle marquer à jamais ces vies ?

Neufeld ne s’engage pas dans une BD polémiste pour autant, son "camps" c’est celui des victimes, et plutôt que de se lancer dans un brulot anti administration, il préfère remonter ses manches et évaluer les pertes de chacun, comment se reconstruire et leur offre la possibilité de se confier. On sent bien qu’il aurait pu bien plus appuyer son propos par des vues de corps qui flottent, des scènes au limite du soutenable, mais il reste fidèle à ses personnages et laisse la mémoire collective combler les trous toute seule.
On peut ne pas être touché de la même façon par les uns et les autres, on se dit juste qu’on n’aurait pas vraiment aimé être là-bas, en ce mois d’Août 2005 ! Et, a la finale, on se rend compte que l’album a parfaitement rempli son rôle, nous toucher et nous interroger sur les limites de soi-même. Peut-être, après tout, n’est-on en effet que peu de chose, comme on dit !

Un très intéressant album, en tout cas…

Par FredGri, le 11 décembre 2011

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