99 exercices de style

Dans cet "album", Matt Madden propose 99 variations à partir d’une même planche de BD type, utilisant ainsi les codes de la BD et leurs limites.

Par fredgri, le 17 avril 2010

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Notre avis sur 99 exercices de style

Matt Madden est depuis quelques années le correspondant américain de l’OuBaPo. Il aime à jouer lui aussi avec les contraintes, avec les possibilités que propose la BD. Ici, il reprend le principe de Raymond Queneau qui déclina, en 47, un même texte de 99 styles différents, ce qui amena à la création de l’OuLiPo.
L’OuBaPo, l’OuLiPo, peut-être ne savez-vous pas trop de quoi il s’agit ! En fait, l’OuLiPo, pour commencer, est une sorte d’atelier qui se réunis régulièrement pour "jouer" avec les règles de la littérature, pour inventer des contraintes afin de pousser le travail sur la matière littéraire, le mot, la phrasologie. cela a donné par exemple des ouvrages comme "La disparition" de Perec, un roman écrit sans une seule fois la lettre "E", etc. L’OuBaPo s’est créé afin de reprendre ce style de démarche, mais cette fois appliquée à la Bande Dessinée.
La contraintes, les jeux formalistes, ou même la simple exploration des codes structurels ont toujours été une très agréable façon de faire avancer le média sur le plan formel. Scott McCloud, en s’interrogeant sur l’architecture de la Bande Dessinée, par exemple, a su ouvrir des nouvelles voies, a su montrer qu’il existait aussi des alternatives intéressantes.
Par contre, même si c’est indéniablement très instructif, on se rend vite compte aussi, que ces "jeux" ne concernent, la plupart du temps, que la forme. Madden vide très rapidement ses planches de leur sens pour juste partir sur des démonstrations de style qui utilisent davantage les codes que les fondements de la BD en elle même. De plus, pas mal de ces "exercices" sont un peu vains, voir même assez répétitifs.
Malgré tout, la question qui sous-tend tout l’album c’est principalement "Qu’est ce que la BD, qu’est ce qui la définit ?". Madden s’amuse alors à proposer 99 réflexions sur la définition d’une "planche". Il joue sur les bulles, sur le sens de lecture, détourne des approches comme ses pastiches "façon" Super-héros, Kirby, Mangas, Underground… Il introduit des jeux des 16 erreurs, multiplie les cases dans la planches ou bien la réduit à une case, gomme les traits de contour, minimalise le style ou le charge de trait…
Évidemment, ce genre de travail se dévore bien plus des yeux qu’il ne se lit. On feuillète les pages sans vraiment trop s’arrêter, on admire une trouvaille, on se dit que c’est astucieux, qu’il y a pas mal d’idées. En fermant la dernière page on espère juste que la BD n’est pas juste ça, qu’il y a aussi le fond. Simplement, c’est intéressant de voir de tels travaux car on rêve d’une communion entre fond et forme, ou les deux seraient aussi ambitieux et réfléchis !

Par FredGri, le 17 avril 2010

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