419 African Mafia

Après quelques temps passés à Lagos au Nigeria à enregistrer un DVD musical, Mino est revenu en France. Dans un centre commercial lyonnais, il fait la connaissance de Grace, une jeune nigériane avec laquelle il entame un flirt. C’est à la suite d’une de ses tournées nocturnes en tant que livreur qu’il surprend la jeune femme sur le trottoir en train de vendre ses charmes. C’est là qu’elle lui apprend qu’elle est prostituée et qu’elle doit, pour recouvrer sa liberté et préserver la vie de sa famille restée au Niger, restituer une somme de 60 000€ à son souteneur. Un tantinet dépité par ses révélations, Mino finit par prendre la décision de l’aider dans son émancipation. Mais pour cela, il va devoir s’opposer au 419, la mafia nigériane qui gère avec dureté le réseau de trafic de femmes.

Par phibes, le 2 juin 2014

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Notre avis sur 419 African Mafia

419 (prononcer four one nine) représente avant tout le numéro de l’article du code pénal nigérian qui punit toute personne qui s’adonne à des escroqueries sur Internet. Fort de ce cadre réglementaire et de l’extension qui en a été faite à la prostitution et au trafic de drogue, Loulou Dédola en a tiré la matière utile pour monter, sous l’égide de la collection spécifique d’Ankama Hostile Holster, son récit, un récit faisant le grand écart entre le Nigeria et la banlieue lyonnaise.

L’histoire contée s’attache à sensibiliser le lecteur sur la destinée dramatique de Mino, personnage au demeurant sympathique, musicien et livreur patenté, dont la destinée va basculer à la suite de sa rencontre avec Grace, une prostituée nigériane. Force est de constater que pour rendre son équipée plausible, le scénariste s’est bien inspiré des arnaques de cette mafia peu connue mais ô combien active et étendue. Si dans un premier temps, il évoque rapidement l’escroquerie par internet, dans un deuxième temps, il vient étaler au grand jour les pratiques malheureuses de prostitution nigériane s’étendant en France. Le pas est donc assez vite franchi et par ce biais, l’on découvre via les yeux de Mino et son introspection volontaire irréversible, le milieu glauque de trafic en tout genre auquel appartient Grace. A la faveur de l’usage d’un dialecte mêlé (le broken english) et d’une intervention de plus en plus forte, l’on assiste à la dérive progressive de Mino.

Il en ressort donc une intrigue plutôt intéressante malgré quelques difficultés au niveau des dialogues assez bruts, dans des saccades scénaristiques aux transitions quelques fois pas très évidentes et plutôt rapides. Malgré tout, l’histoire de Mino et de Grace bénéficie d’une certaine attractivité, surtout sur la manière dont Mino trouve le moyen de passer de l’état de gentil garçon à bandit implacable (il ne fait aucun doute qu’il a des prédispositions cachées). Aussi, tout devenant possible et au vu des rebondissements qui arrivent en cascades, on peut se poser la question de savoir comment cette descente aux enfers peut se terminer heureusement.

La partie graphique assurée par l’artiste sicilien Lelio Bonaccorso est pour le moins agréable. Après avoir dessiné la mafia italienne (Mafia Tabloïd), il trouve le moyen parfait pour s’introduire dans les ambiances mafieuses nigérianes. A cet égard, son dessin ne manque pas de chaleur (la colorisation y est pour beaucoup), bénéficiant d’un réalisme soigné et d’une volupté exotique qui ne sont pas pour déplaire.

Une histoire dramatique complète de bonne facture qui a l’avantage d’adapter le roman éponyme de Loulou Dédola et d’être promis très prochainement à la réalisation d’un long-métrage.

Par Phibes, le 2 juin 2014

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