40 hommes et 12 fusils

1953, Hà Nội – Minh, artiste peintre, est envoyé par sa famille à la campagne afin de le préserver d’une Guerre d’Indochine qui fait rage depuis 1946. Une fois sur place, il est forcé de s’engager avec les combattants du Viêt Minh, et se retrouve embarqué arme à la main sur des chemins qui le conduiront jusqu’à la cuvette de Diên Biên Phu.

Par v-degache, le 13 janvier 2023

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Notre avis sur 40 hommes et 12 fusils

Après Une si jolie petite guerre, bd dans laquelle Marcelino Truong revenait sur sa jeunesse à Saïgon au début des années 1960, alors que les Etats-Unis renforçaient leur présence au Sud-Vietnam, puis Give peace a chance narrant sa jeunesse londonienne, sa famille ayant choisi l’exil en 1963, le désormais Malouin opère un retour en arrière chronologique en s’attaquant à la Guerre d’Indochine, et en laissant de côté le récit autobiographique !

Nous suivons en 1953 le jeune Minh, artiste à Hà Nội, que sa famille aisée décide de mettre à l’abri à la campagne afin qu’il ne soit pas enrôlé dans l’Armée Nationaliste, engagée aux côtés des Français face au Viêt Minh. Mais arrivé sur place, il est obligé de rejoindre l’Armée Populaire de Libération ! C’est un véritable road trip en armes qui l’attend, et qui va l’emmener de Chine jusqu’à la bataille finale de Diên Biên Phu.
Après une acclimatation difficile et risquée, il va connaître les marches forcées, la fatigue, une propagande quotidienne, et de rares moments de calme durant lesquels il peut ressortir les pinceaux, avant de mettre son art au service des communistes, en intégrant l’Unité de Propagande Armée du Viêt Minh fondée par le Général Giap.

Depuis Une si jolie petite guerre sorti en 2012 chez Denoël Graphic, le trait de Marcelino Truong s’est affiné, le dessin est plus réaliste, et ceci pour notre plus grand plaisir tant ces 288 pages de 40 hommes et 12 fusils sont passionnantes et les paysages traversés, les ruraux rencontrés, mais aussi les scènes de combat, magnifiquement représentés.
La tension et la peur ne sont jamais loin, surtout pour un Minh qui essaie de cacher ses origines bourgeoises et son absence de toute motivation politique en faveur du Viêt Minh ! Malgré les drames humains rencontrés au fil de l’ouvrage, le scénario conserve une approche humoristique et grinçante, le personnage principal gardant sagacité et clairvoyance face au bourrage de crâne subi et à l’attitude de ses supérieurs !

A la fois BD de guerre et ouvrage dénonçant les absurdités de celle-ci, ainsi que celles d’une idéologie qui va bientôt oublier ses idéaux humanistes initiaux, 40 hommes et 12 fusils est une véritable réussite !

Par V. DEGACHE, le 13 janvier 2023

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