2112

2112. Les villes recouvrent des états entiers, tandis que la population vit dans une sorte d’utopie illusoire, protégée par un consortium privé, Safeguard, Inc., qui forme les futurs agents qui maintiendront l’ordre. Mais cette paisible société écarte sans scrupule les populations de mutants, fruits de manipulations génétiques ratées, pour les envoyer sur Applyon, la base carcérale en orbite autour de la planète. Mais depuis une quinzaine de jours, cette prison est dorénavant sous le contrôle de ces mutants qui obéissent désormais aux ordres du mystérieux Sathanas !
Le jeune et riche Thomas Kirkland vient de réussir tous ses examens, il est dorénavant le pupille de l’inquiétant Agent Rouge, un homme aux méthodes plutôt extrêmes, mais très efficaces. Toutefois, ce dernier devine que quelque chose se trame en coulisse, quand il apprend que la station Appolyon ne répond plus, il tente d’alerter les autorités, mais rien n’y fait ! Alors, avec Thomas, ils décident de tout tenter…

Par fredgri, le 7 juin 2019

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Notre avis sur 2112

Fin 91, John Byrne est un auteur adulé par les fans, toujours très actif chez Marvel pour qui il signe les scénarios d’Iron Man, d’X-Men et d’Uncanny X-Men, tout en gérant seul She-Hulk et Namor, ainsi que quelques pages régulièrement dans What The?. Mais loin de se suffire de cet emploi du temps surchargé, il entame, dans Dark Horse Présent, les aventures d’un jeune groupe appelé les Next-Men ! C’est dans cette ambiance d’ultra-production qu’il décide de réaliser ce Graphic Novel, 2112 qui vient s’appuyer sur l’univers en devenir de ces même Next-Men, mais cette fois en racontant leur futur…

Mais revenons un peu en arrière, en 1986, plus précisément. DC propose alors son portfolio "History of the DC Universe”, ou figurent des illustrations mettant en scène des personnages DC par la crème des illustrateurs maisons. Pour l’occasion, Byrne opte pour une nouvelle création, un groupe d’individus appelés "Freaks". Son idée est alors de proposer à DC un nouveau projet, mais l’éditeur le lui refuse. Gardant l’idée dans ses cartons, il profite de l’arrivée de ses amis Mignola et Miller chez Dark Horse, vers 91, pour ressortir son projet qu’il retravaille et qui donnera en partie les Next-Men (l’idée de Freaks semblant servir de base aussi à Danger Unlimited).
On a un temps raconté que Byrne l’avait proposé, à la même période, pour le concept de The Marvel World of Tomorrow qui deviendra Marvel 2099, et plus particulièrement pour une version future des X-Men, mais comme Lee voulait garder la main, ça ne s’est finalement pas fait !!!

Toujours est-il que ce Graphic Novel présente une assez étrange introduction aux épisodes qui se dévoilent dans Dark Horse Present. En effet, plutôt que nous raconter ce qui se passe avant, Byrne nous entraîne dans le futur. On le devine à travers quelques petites références deçi delà, sans que cela ne gène le moindre du monde la lecture de cette intrigue SF extrêmement prenante.
Byrne connait son boulot, c’est très efficacement mené, le scénario est peut-être très linéaire, mais il recèle de quelques bons rebondissements, avec cette touche très Byrnienne, anti-conventionnelle. Son héros est un agent rebelle qui évolue hors des sentiers battus, qui s’érige en véritable Cassandre que personne ne veut croire et qui va donc devoir régler la situation par lui même, avec l’aide d’un "sidekick" providentiel, issu des hautes sphères, cette élite qui pose un regard méprisant sur les basses classes…
Mine de rien, Byrne questionne les réalités d’une utopie fragilisée par ses mauvais démons, qu’il faut protéger au mépris de l’éthique.
Bien sur, cet Agent Rouge reste un archétype en lui même, ce genre de personnage revêche, amer et sans compromis, avec qui la vie n’a pas été facile, qui se marginalise, mais qui dégage une sorte de charisme à la fois inquiétant et fascinant. Dès sa première apparition, on est intrigué, tandis que le jeune Kirkland garde une grosse partie du récit sa pose de second rôle lisse et beau qui progressivement, néanmoins, se découvre plus concerné, plus investi par ce que lui enseigne son tuteur. Il gagne en profondeur !

Alors, peut-être que 2112 souffre de n’être qu’une sorte de préambule à Next-Men qui permettra à Byrne de développer son concept jusqu’au bout, toujours est-il que cela reste une excellente lecture qui démontre que l’artiste, bien qu’ayant un agenda très chargé, était alors au fait de son art.

En entamant la traduction de cette série, Délirium permet de redécouvrir tout un pan du travail de Byrne, assez peu connu en France. D’autant que le volume comprend aussi des repro de planches originales, des couv en noir et blanc, ainsi qu’une biblio sélective très instructive !
Un vrai plaisir de fan !

Évidemment, très conseillé !

Par FredGri, le 7 juin 2019

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