Gisèle et Béatrice (2013)

Dans l’entreprise ou elle travaille Béatrice est évidemment moins payée que ses collègues masculins, ça n’est pas normal, mais cela prend une autre dimension quand une promotion lui échappe pour un autre bien moins compétent qu’elle. Georges, son patron, profite de la situation pour faire du harcèlement sexuel, mais cette fois elle décide de renverser la balance. Grâce à une plante magique ramenée d’Afrique, elle transforme Georges en femme et la rebaptisant "Gisèle", une immigré kholdave sans papiers… Il doit donc se faire progressivement au jeu de Béatrice, qui en fait son objet sexuel, lui dictant dorénavant ses moindres volontés…

Par fredgri, le 8 septembre 2013

Notre avis sur Gisèle et Béatrice (2013)

Je connais le travail de Benoît Feroumont principalement au travers de sa série Le Royaume. Un dessin très élégant et magnifiquement expressif, le tout dans un univers gentillet plein de charme. J’étais donc assez curieux de voir ce que ce style allait donner sur un sujet nettement moins bon enfant, plus adulte. Et tout de suite, autant vous le dire, c’est une complète réussite. Non seulement parce que le scénario est particulièrement réussi, mais surtout parce que le graphisme est en fin de compte des plus adaptés, amenant un angle de vue plus subtil, plus léger sur une histoire qui même si elle est emprunte d’un certain humour n’en est pas moins dramatique dans le fond.

Et c’est la grande force de cet album, car même s’il traite de thèmes particulièrement adultes le scénario reste très fin et adroit. Feroumont inverse habilement les rapports de force, renvoie la balle vers toutes ces femmes injustement bafouées sur leur lieu de travail au travers d’une revanche implacable et révélatrice. Et Béatrice se révèle vite d’une part comme une "héroïne" très forte et ensuite comme une femme très imaginative, qui rêve de pouvoir elle aussi, de domination. Georges est tellement dépeint tout de suite comme un homme détestable, l’archétype du patron qui abuse de sa position, qui méprise les femmes, que sa transformation apparait tout d’abord comme un retour de flamme bien mérité. Néanmoins le positionnement de Béatrice tourne vite à l’humiliation et c’est intéressant de voir évoluer dans ce cadre la relation entre les deux femmes, comme chacune trouve sa place, comme elles se révèlent progressivement au travers de cette intrigue. Ainsi Georges/Gisèle gagne en profondeur, voit sa caractérisation s’épaissir et c’est fascinant de se rendre compte que ce personnage au départ quelque peu fade devient vite très charismatique… Son calvaire prend alors tout son sens, véritable parcours initiatique il amène le jeune patron à se laisser petit à petit conquérir par la situation…
Feroumont fournit donc un album très pertinent qui parle d’intimité, de fantasme, mais aussi du rapport social entre homme et femme, le tout avec beaucoup d’intelligence ! Sans parler de la conclusion parfaite (je vous laisse découvrir ça de vous même !

Graphiquement, c’est très efficace, un style assez épuré qui permet de mettre en avant à la fois la sensualité des deux femmes et ces jeux d’expressions pleine de complicité, de regard en biais, de non dits intrigants.

Une très très grande réussite qui démontre qu’un style légèrement cartoon peut aussi être très adapté pour aborder des thématiques bien adultes. Le tout sous un vernis coquin renversant !

Pari gagné haut la main, monsieur Feroumont !

Par FredGri, le 8 septembre 2013

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