14-18
La tranchée perdue (avril 1915)

Au printemps 1915, sur le front, les hommes côtoient en permanence la mort et essayent tant bien que mal de s’adapter à leur situation désastreuse. Bloqués dans les tranchées, ils se doivent de lutter contre la boue, la faim, les poux, les rats, le froid, l’ennui et la peur. Dans cet univers terrorisant et destructeur, les esprits sont irrémédiablement marqués à vie. Profitant d’un long moment de répit, Arsène et Jacques sont allés à l’arrière taquiner quelques femmes peu farouches. Au retour, après avoir échappé à un contrôle, ils s’égarent et se retrouvent bientôt dans une tranchée de l’adversaire. Ils parviennent à s’enfuir et à rejoindre leurs amis. C’est alors qu’Armand, le caporal, est appelé par son lieutenant qui lui fait remarquer que l’ennemi en face d’eux est bien calme, trop calme depuis ces dernières soixante-douze heures. Aussi, lui demande-t-il de creuser avec ses camarades une galerie pour voir ce qui se passe réellement chez l’adversaire. C’est lors de cette mission qu’ils vont découvrir une bonbonne de gaz qui ne présage rien de bon. Serait-ce là l’une des nouvelles armes que souhaiteraient utiliser les allemands ? D’après le lieutenant, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Pour Armand et ses amis, il serait nécessaire de réagir !

Par phibes, le 13 octobre 2015

Notre avis sur 14-18 #4 – La tranchée perdue (avril 1915)

Dans un rythme pour le moins stupéfiant (entre cinq et six mois), Eric Corbeyran et Etienne Le Roux alignent inlassablement leurs épisodes. En véritable conteurs d’un passé douloureux, celui de la guerre 14-18, les deux artistes poursuivent leur témoignage chronologique via les aventures vécues au front par huit copains issus d’un même village.

Ce quatrième tome est l’occasion de nous immerger dans l’enfer des tranchées durant le printemps 1915. Cette immersion se veut encore une fois des plus oppressantes, brutale et historiquement saisissant. Eric Corbeyran réalise un exercice qui lui sied à merveille en utilisant un schéma maintenant éprouvé, entre fiction et réalité, qui a la particularité tout d’abord de nous propulser quelques années après le conflit en s’attachant, le temps de quelques vignettes, sur un personnage en particulier (ici Gigi, la femme du rancunier Denis). Par la suite, il rentre dans le vif du sujet en revenant sur le théâtre des opérations en premières lignes durant le conflit.

Les péripéties contées dont le cadre, ici, est adroitement planté à la faveur du courrier inquiétant écrit par Maurice remettent en scène les huit copains, charistiquement bigarrés, qui, une fois encore, vont être les témoins des pires vicissitudes. Cette fois-ci, le scénariste a souhaité évoquer avec une grande maîtrise l’une des terribles armes de guerre que les belligérants utilisaient à savoir les gaz de combat. C’est donc au travers d’une nouvelle mission à laquelle Armand et tous les autres vont participer que l’inhumanité du procédé va être mise à jour, une inhumanité qui évidemment fera vaciller notre émotivité.

On ne pourra que saluer la prestation d’Etienne Le Roux qui aligne sans « broncher » les épisodes à une vitesse record. Force est de constater que l’artiste bénéficie d’une force illustrative extraordinaire, assurément cautionnée par une recherche documentaire évidente et également par l’intervention profitable, aux décors et à la couleur, de Jérôme Brizard. Aussi, le travail historique est de grande qualité et restitue de façon on ne peut plus saisissante la vie dramatique sur le champ de bataille.

Un excellent épisode guerrier qui relate avec beaucoup de discernement et de justesse le cauchemar que pouvaient vivre nos courageux poilus dans les sinistres tranchées du front. Une série honorifique composée de petites tranches de vie particulièrement bien composées par un trio d’artistes au talent incontestable.

Par Phibes, le 13 octobre 2015

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